Je suis troublée. Profondément troublée par tous ces
témoignages de femmes qui dénoncent leurs agresseurs, par toutes ces plaintes
portées à la police. Je suis troublée
par la quantité. Je suis troublée par le
temps. Par tout ce temps écoulé pendant
lequel les victimes ont gardé le silence.
Je suis troublée par la certitude que j’ai que ce n’est que la pointe de
l’iceberg.
À l’écoute de chaque témoignage, au nom d’un
nouvel agresseur qui tombe, j’ai des frissons qui me parcourent tout le corps. Des frissons de fierté et de dégoût à la
fois. Une fierté de voir que nous sommes
peut-être rendus là, à pouvoir dénoncer sans crainte de représailles, ce qui,
en soi, constitue un message d’espoir pour toutes les jeunes femmes en
devenir. Je ressens aussi beaucoup de
dégoût. Comment autant d’hommes ont pu
agresser autant de femmes ici même, au Québec, un endroit qui se targue de
prôner l’égalité homme-femme ? Comment
tous ces hommes ont-ils pu agir en toute liberté sans que personne ne se doute
de leurs terribles agissements ? Qu’est-ce
que ça prendra pour que ces hommes comprennent que les femmes ne sont pas à
leur disposition, qu’elles ne sont pas un buffet all you can eat ? Une femme.
Une inférieure. Un objet que l’on
peut souiller. Le deuxième sexe. Le sexe
faible. Je croyais que ces idées
appartenaient à une autre époque, à d’autres cultures. Je suis sous le choc. Choquée, je suis. Tout ça n’était que de la
poudre aux yeux ? On n’est pas si évolué que ça au fond. On est tristement arriéré. On tolère que les femmes travaillent pour
mieux les agresser. Telle la femme au foyer qui ne dénonce pas son mari violent
pour ne pas se retrouver à la rue, la femme qui travaille ne dénonce pas son
employeur pour ne pas se retrouver dans cette même situation. Qu’est-ce que ça prendra pour atteindre
réellement cette tant convoitée égalité homme-femme ? N’est-ce qu’une vague utopie ?
J’ai une grande compassion et une grande admiration pour
toutes les victimes qui ont eu le courage de continuer à avancer et qui tentent d’avoir une vie normale malgré tout ce qu’elles portent en elles. Et je crois que nous sommes tous, de près ou
de loin, complices de ces agressions, lorsque nous refusons de voir la réalité
telle qu’elle est, lorsque nous donnons trop d’importance à certains
personnages publiques, et en faisant croire aux filles, depuis leur tout jeune
âge, qu’il faut souffrir pour réussir.
En espérant que cette vague de #moiaussi puisse amener des
changements profonds dans notre société.
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