Depuis que mon amoureux et
moi sommes en couple, nous fêtons toujours Noël deux fois, une fois dans sa
famille et une fois dans la mienne. Mais
on dirait que d’années en années nos Noël deviennent de plus en plus chaotiques,
chaque famille portant en son sein un chaos différent.
Commençons par ma famille recomposée qui comptait jusqu’en
mai 2016, mon père, ma sœur, moi, mon chum et les enfants, la blonde de mon
père, Geneviève, et ses deux garçons, Nikola et Merlin. Alors, dans ce cas de figure, je dirais que
nous avons affaire à un chaos de style granola. Tout le monde est cool. Personne n’est vraiment prêt pour Noël. Rien n’est vraiment grave.
Nous
avions l’habitude d’aller chez mon père le 24 décembre pour le réveillon et de
dormir tous là. Nous étions toujours
attendus aux alentours de 18 heures.
Donc,
nous sommes le 24 décembre, j’arrive avec ma marmaille à 18 heures tapant (avec
un chum TOC, c’est quand même tout un
exploit). Les demi-frères sont souvent déjà là depuis la veille. Première déception : la plupart des
membres de ma famille sont encore dans leur mou d’après-midi. Et il y en a toujours un ou une pour filer
dans la douche au moment de notre arrivée.
Est-ce vraiment trop demander que tout le monde soit beau pis propre
pour 18 heures ? Non mais, sérieux, on est les seuls avec de jeunes enfants qui
ont dû emballer une multitude de cadeaux et faire des bagages tout
l’après-midi, eux, ils avaient quoi à faire exactement ? Bon, il faut quand même que j’avoue, qu’avec
les années, ils ont tous fini par se forcer un peu côté tenue vestimentaire,
probablement tannés de m’entendre répéter que tu ne peux pas porter ça des
pantalons en coton ouaté vert fluo le soir du réveillon. Donc, on arrive à 18
heures et personne n’est vraiment prêt à fêter Noël sauf nous. Ensuite, je suis évidemment la seule à avoir
déjà emballé mes cadeaux. Vers 23h30, ma
sœur et les deux demi disparaissent soudainement à l’étage pour aller faire
leur emballage pis là nous on poirote au salon et je me demande à chaque année
comment ça se fait qu’ils n’ont pas eu le temps d’emballer leurs cadeaux avant,
bordel, ils n’ont même pas d’enfants ! J’ai parfois l’impression qu’ils
boycottent un peu Noël, vous savez, cette grande fête de la surconsommation.
Pendant la soirée, il y a moi et Merl qui voulons toujours
faire des jeux et il y a mon père et Niko qui nous regardent avec leur face
d’enterrement en se demandant comment ils pourraient bien s’en sauver. Si on n’insiste pas un peu, mon père finit au
sous-sol à bougonner prétextant des bûches à mettre dans le poêle et Niko dans
le bureau à lire l’Actualité. Et là, je ne vous parle pas de l’air ahuri de
tout le monde lorsque mon chum et moi décidons d’aller nous coucher à 12h20. Il faut toujours leur rappeler qu’on a de
jeunes enfants qui vont être debout avant que le soleil ne se lève (le matin de
Noël, ils ne vont pas être excités du tout…).
Et effectivement, le lendemain matin, mon chum et moi sommes les seuls
adultes debout à 5 heures avec notre café alors que tout le monde dort jusqu’à
10 heures.
Deuxième
chaos : la belle-famille.
Habituellement, on quitte ma famille vers 14 heures, on se tape 3 heures
de route dans le trafic et parfois dans la tempête de neige et on est attendus
chez les beaux-parents vers 17 heures.
Là, je dirais que c’est le chaos de la vieillesse et de la
non-communication qui nous attend.
Déjà, on arrive souvent passé 17 heures, ce qui rend ma
belle-mère proche hystérique. On a à
peine le pied dans la porte avec de la neige et de la broue dans le toupet,
qu’elle s’écrie : « Ils sont là ! On ouvre les cadeaux ! ». Bon, nous voilà avec un troisième enfant à
gérer. On finit par entrer tous les
bagages et à s’installer au salon. Mon
beau-père, telle une petite fourmi bionique, s’affaire à classer tous les
cadeaux sous le sapin, les regroupant par personne, puis par famille et enfin
par ordre alphabétique. Il se parle tout
seul en déplaçant des paquets, les organisant selon un ordre logique, sa logique
à lui, il va sans dire.
Encore une fois, il y a peu d’enfants dans cette
famille : les nôtres et le fils de mon beau-frère, qui a 5 ans de plus que
mon aîné. Alors, c’est un autre Noël qui
a de la difficulté à passer en mode « enfants ». À chaque année, il faut répéter, répéter et
répéter à mes beaux-parents que c’est le PÈRE-NOËL qui donne les cadeaux aux
enfants et non papa et maman, mais, immanquablement, à chaque année, mon
beau-père prend un des cadeaux des enfants et dit : « Pour Loïc, de
Papa et Maman ! » et mon chum de rectifier : « Non, c’est du
Père-Noël ! » et mon beau-père, qui lui prête une oreille distraite, de dire :
« Quoi ? Qu’est-ce que t’as dit ? » et mon chum de reprendre :
« C’EST-DU-PÈRE-NOËL !!! » et finalement mon beau-père : « Ah,
ah, ah, ben oui…le Père-Noël ». Et
plus tard, ma belle-mère qui dira : « Wow, les beaux Lego ! C’est un beau cadeau de Papa et
Maman ça ! » Pas possible. À croire que leurs enfants n’ont jamais été
petits. Et mon beau-père qui s’obstine
pour distribuer les cadeaux selon un ordre précis, et les enfants qui tentent
de le bypasser, et mon beau-père qui
tente de rétablir l’ordre : « Non, non, non ! On regarde Mamie
déballer son cadeau ! ». Et
par-dessus tout ça, s’ajoute ce que j’appelle le psychodrame des ciseaux. Ma belle-sœur étant réputée pour faire des
super paquets cadeaux avec des super rubans bien serrés, ça nous prend souvent
des ciseaux pour couper les rubans.
Alors, tu entends tout le temps quelqu’un crier au-dessus de la mêlée :
« Où sont les ciseaux ? », « J’ai besoin des ciseaux ! »,
« Qui a vu les ciseaux ? » et tout le monde qui se met à regarder
sous les papiers éparpillés à la recherche des ciseaux qui disparaissent
inévitablement après chaque utilisation.
Au souper, c’est la même chose, mais avec le pain et le
beurre cette fois. Mon beau-père est
responsable du pain, c’est lui qui coupe la baguette, mais allez savoir
pourquoi, peut-être parce qu’il a de la difficulté à faire le switch entre souper de couple à deux et souper
en famille à dix, il coupe seulement 4 ou 5 morceaux de pain à la fois, donc tu
entends toujours quelqu’un dire : « Il est où le pain ? »,
« Est-ce qu’il reste encore du pain ? », « J’aimerais ça avoir
d’autre pain » et mon beau-père qui se relève une dizaine de fois pendant
le souper pour aller couper du pain.
Ensuite, ma belle-sœur trouve toujours que le ¼ de livre de beurre que
mes beaux-parents ont mis sur la table ce n’est pas suffisant pour la gang et
mes beaux-parents qui, à chaque fois, dégèlent in extrémis un autre quart de
livre de beurre congelé ! Encore une fois, on a droit à des : « Il
est où le beurre ? », « J’ai besoin du beurre. », « Qui a
le beurre ? ».
Il est toutefois bien évident que ma famille rapprochée, c’est-à-dire
nous 4, nous sommes déjà probablement porteurs de notre propre chaos. Parfois,
je m’amuse à imaginer ce que vont dire de nous nos gars (et nos brus…ou nos
gendres, c’est selon) plus tard lorsqu’on va les recevoir pour Noël. Mon chum qui ne se gênera pas pour péter et
roter devant la visite et moi qui va retomber en enfance avec mes
petits-enfants, ça va être beau !