jeudi 28 décembre 2017

Lettre à mes enfants pour le Nouvel An


Que dire à ses enfants ? Quels vœux leur offrir ? Quelles paroles sages leur laisser en héritage ?  Quels mots pour exprimer toutes les craintes et tous les espoirs qui s’entremêlent dans notre esprit lorsqu’on pense à eux ? Comment ne pas devenir le parent moralisateur ? Je n’ai, bien entendu, aucune réponse, juste quelques mots, quelques phrases qui font du sens pour moi et qui en feront peut-être pour eux, un jour.

Chers enfants,

Si vous vous levez le matin sans nœud dans le ventre et le pas léger,

Si vous puisez votre énergie à même l’amour des vôtres,

Si vous réussissez à rester vous-même en toute circonstance et à exprimer ce qu’il y a à l’intérieur de vous sans jamais avoir honte,

Si les échecs vous ébranlent sans vous détruire,

Si les réussites vous grandissent sans vous abrutir,

Si votre cœur sait rester sincère,

Si votre tête doute et cherche toujours et encore,

Si votre esprit s’ouvre et votre âme écoute,

Si vos yeux restent brillants et vifs sans jamais s’éteindre,

Si vos bras savent accueillir, consoler et soutenir les autres,

Si vous réussissez à garder votre joie et votre enthousiasme d’enfants,

Si votre imagination continue de déborder et de se répandre,

Si un lever de soleil ou le chant d’une rivière réussit toujours à vous émouvoir,

Si vos espérances parviennent à prendre le pas sur vos déceptions,

Je crois que vous serez alors devenus des hommes bons et heureux.

Et c’est tout ce qui compte au fond,

Maman  


 

jeudi 21 décembre 2017

Un Noël, deux chaos

 
Depuis que mon amoureux et moi sommes en couple, nous fêtons toujours Noël deux fois, une fois dans sa famille et une fois dans la mienne.  Mais on dirait que d’années en années nos Noël deviennent de plus en plus chaotiques, chaque famille portant en son sein un chaos différent.

          Commençons par ma famille recomposée qui comptait jusqu’en mai 2016, mon père, ma sœur, moi, mon chum et les enfants, la blonde de mon père, Geneviève, et ses deux garçons, Nikola et Merlin.  Alors, dans ce cas de figure, je dirais que nous avons affaire à un chaos de style granola.  Tout le monde est cool.  Personne n’est vraiment prêt pour Noël.  Rien n’est vraiment grave. 

Nous avions l’habitude d’aller chez mon père le 24 décembre pour le réveillon et de dormir tous là.  Nous étions toujours attendus aux alentours de 18 heures.

Donc, nous sommes le 24 décembre, j’arrive avec ma marmaille à 18 heures tapant (avec un chum TOC, c’est quand même tout un exploit). Les demi-frères sont souvent déjà là depuis la veille.  Première déception : la plupart des membres de ma famille sont encore dans leur mou d’après-midi.  Et il y en a toujours un ou une pour filer dans la douche au moment de notre arrivée.  Est-ce vraiment trop demander que tout le monde soit beau pis propre pour 18 heures ? Non mais, sérieux, on est les seuls avec de jeunes enfants qui ont dû emballer une multitude de cadeaux et faire des bagages tout l’après-midi, eux, ils avaient quoi à faire exactement ?  Bon, il faut quand même que j’avoue, qu’avec les années, ils ont tous fini par se forcer un peu côté tenue vestimentaire, probablement tannés de m’entendre répéter que tu ne peux pas porter ça des pantalons en coton ouaté vert fluo le soir du réveillon. Donc, on arrive à 18 heures et personne n’est vraiment prêt à fêter Noël sauf nous.  Ensuite, je suis évidemment la seule à avoir déjà emballé mes cadeaux.  Vers 23h30, ma sœur et les deux demi disparaissent soudainement à l’étage pour aller faire leur emballage pis là nous on poirote au salon et je me demande à chaque année comment ça se fait qu’ils n’ont pas eu le temps d’emballer leurs cadeaux avant, bordel, ils n’ont même pas d’enfants ! J’ai parfois l’impression qu’ils boycottent un peu Noël, vous savez, cette grande fête de la surconsommation.

          Pendant la soirée, il y a moi et Merl qui voulons toujours faire des jeux et il y a mon père et Niko qui nous regardent avec leur face d’enterrement en se demandant comment ils pourraient bien s’en sauver.  Si on n’insiste pas un peu, mon père finit au sous-sol à bougonner prétextant des bûches à mettre dans le poêle et Niko dans le bureau à lire l’Actualité.  Et là, je ne vous parle pas de l’air ahuri de tout le monde lorsque mon chum et moi décidons d’aller nous coucher à 12h20.  Il faut toujours leur rappeler qu’on a de jeunes enfants qui vont être debout avant que le soleil ne se lève (le matin de Noël, ils ne vont pas être excités du tout…).  Et effectivement, le lendemain matin, mon chum et moi sommes les seuls adultes debout à 5 heures avec notre café alors que tout le monde dort jusqu’à 10 heures.

           Deuxième chaos : la belle-famille.  Habituellement, on quitte ma famille vers 14 heures, on se tape 3 heures de route dans le trafic et parfois dans la tempête de neige et on est attendus chez les beaux-parents vers 17 heures.  Là, je dirais que c’est le chaos de la vieillesse et de la non-communication qui nous attend.

          Déjà, on arrive souvent passé 17 heures, ce qui rend ma belle-mère proche hystérique.  On a à peine le pied dans la porte avec de la neige et de la broue dans le toupet, qu’elle s’écrie : « Ils sont là ! On ouvre les cadeaux ! ».  Bon, nous voilà avec un troisième enfant à gérer.  On finit par entrer tous les bagages et à s’installer au salon.  Mon beau-père, telle une petite fourmi bionique, s’affaire à classer tous les cadeaux sous le sapin, les regroupant par personne, puis par famille et enfin par ordre alphabétique.  Il se parle tout seul en déplaçant des paquets, les organisant selon un ordre logique, sa logique à lui, il va sans dire.

          Encore une fois, il y a peu d’enfants dans cette famille : les nôtres et le fils de mon beau-frère, qui a 5 ans de plus que mon aîné.  Alors, c’est un autre Noël qui a de la difficulté à passer en mode « enfants ».  À chaque année, il faut répéter, répéter et répéter à mes beaux-parents que c’est le PÈRE-NOËL qui donne les cadeaux aux enfants et non papa et maman, mais, immanquablement, à chaque année, mon beau-père prend un des cadeaux des enfants et dit : « Pour Loïc, de Papa et Maman ! » et mon chum de rectifier : « Non, c’est du Père-Noël ! » et mon beau-père, qui lui prête une oreille distraite, de dire : « Quoi ? Qu’est-ce que t’as dit ? » et mon chum de reprendre : « C’EST-DU-PÈRE-NOËL !!! » et finalement mon beau-père : « Ah, ah, ah, ben oui…le Père-Noël ».  Et plus tard, ma belle-mère qui dira : « Wow, les beaux Lego ! C’est un beau cadeau de Papa et Maman ça ! » Pas possible. À croire que leurs enfants n’ont jamais été petits.  Et mon beau-père qui s’obstine pour distribuer les cadeaux selon un ordre précis, et les enfants qui tentent de le bypasser, et mon beau-père qui tente de rétablir l’ordre : « Non, non, non ! On regarde Mamie déballer son cadeau ! ».  Et par-dessus tout ça, s’ajoute ce que j’appelle le psychodrame des ciseaux.  Ma belle-sœur étant réputée pour faire des super paquets cadeaux avec des super rubans bien serrés, ça nous prend souvent des ciseaux pour couper les rubans.  Alors, tu entends tout le temps quelqu’un crier au-dessus de la mêlée : « Où sont les ciseaux ? », « J’ai besoin des ciseaux ! », « Qui a vu les ciseaux ? » et tout le monde qui se met à regarder sous les papiers éparpillés à la recherche des ciseaux qui disparaissent inévitablement après chaque utilisation.

          Au souper, c’est la même chose, mais avec le pain et le beurre cette fois.  Mon beau-père est responsable du pain, c’est lui qui coupe la baguette, mais allez savoir pourquoi, peut-être parce qu’il a de la difficulté à faire le switch entre souper de couple à deux et souper en famille à dix, il coupe seulement 4 ou 5 morceaux de pain à la fois, donc tu entends toujours quelqu’un dire : « Il est où le pain ? », « Est-ce qu’il reste encore du pain ? », « J’aimerais ça avoir d’autre pain » et mon beau-père qui se relève une dizaine de fois pendant le souper pour aller couper du pain.  Ensuite, ma belle-sœur trouve toujours que le ¼ de livre de beurre que mes beaux-parents ont mis sur la table ce n’est pas suffisant pour la gang et mes beaux-parents qui, à chaque fois, dégèlent in extrémis un autre quart de livre de beurre congelé ! Encore une fois, on a droit à des : « Il est où le beurre ? », « J’ai besoin du beurre. », « Qui a le beurre ? ».

          Il est toutefois bien évident que ma famille rapprochée, c’est-à-dire nous 4, nous sommes déjà probablement porteurs de notre propre chaos. Parfois, je m’amuse à imaginer ce que vont dire de nous nos gars (et nos brus…ou nos gendres, c’est selon) plus tard lorsqu’on va les recevoir pour Noël.  Mon chum qui ne se gênera pas pour péter et roter devant la visite et moi qui va retomber en enfance avec mes petits-enfants, ça va être beau !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

jeudi 14 décembre 2017

Chronique d'un dimanche après-midi


-        Oui, mais est-ce que tu t’en es occupé un peu ?

La phrase de trop.  Tellement de trop.  Prononcée par mon chum qui revient de son après-midi à la ferme.  Il rentre à la maison, me voit assise à la table en train d’éplucher des patates, pendant que mon cadet est en train d’inonder la salle de bain et que mon aîné imite à tue-tête des bruits de Bayblade, et il me demande comment cela s’est passé avec les enfants.  Je lui réponds qu’ils ont passé la journée à se gosser et à se tirailler et à juste niaiser et que je suis juste à boute d’entendre des « Arrêêêêêête !!! » et des « Mamaaaaaaaan !!! » et le bruit de quelque chose qui tombe ou qu’on lance en quelque part.  Et lui, mon amoureux, pour m’aider à élucider la problématique de nos enfants mongoles, il me demande si je m’en suis occupé ?!?  Ben non, j’ai fait la sieste tout l’après-midi.  Je suis allée au spa, tiens.  J’ai mangé des sushis avec mes amies.  J’ai lu Guerre et Paix de Tolstoï.  Je les ai regardés s’entretuer. En mangeant du pop-corn.  Vous dire comment j’ai sauté ma coche.

-        Non mais, t’es pas gêné (suivi de plusieurs sacres)!!!

Et là, il voit les biscuits que les enfants et moi avons faits cet après-midi et il feel cheap, mais il est trop tard, moi j’explose, je suis sur ma lancée.

-        Ben oui, lorsqu’on écoute un film, qu’on colore ou qu’on fait des biscuits, tout va bien.  Mais si j’ai le malheur d’aller au sous-sol trois minutes pour partir une brassée de blanc, la marde pogne ! Alors là, je décide de leur donner un bain pour les séparer un peu et le cadet est encore dans le bain pendant que j’essaye de commencer le souper, faque ta petite phrase tu peux ben te la mettre où je pense ! Et si tu veux vraiment être utile, va donc me sortir le cadet du bain, moi je ne suis juste plus assez calme, dis-je en vargeant dans mes patates.

Il s’excuse et m’embrasse. Bon, je dois quand même avouer que les excuses furent rapides et sincères (il est brillant, il sait quand sa vie est en danger).  Il monte ensuite à l’étage.  Je l’entends négocier avec le cadet pour le sortir du bain, il commence déjà à perdre patience.  Tiens, tiens, voilà qui me redonne un peu le sourire.

Il finit par le sortir du bain et il redescend en bas avec son mou.  Moi je suis toujours en train de varger dans mes patates. Et là, il me dit, pour tenter  de m’amadouer un peu, que c’est beau les lumières de Noël qu’on a installées cet après-midi dehors.

-        On ?!? Tu penses vraiment que j’aurais pu installer les lumières avec les enfants autour ?!? Je veux dire sans qu’ils se mettent à se fouetter avec les guirlandes et à les transformer en lasso ?!?  En fait, je suis juste sortie dehors à un moment où je n’en pouvais plus de les entendre et où il fallait que je me défoule sur quelque chose, d’ailleurs, si tu regardes bien, il y a un set dont la moitié des lumières ne fonctionnent plus !

-        Aille, aille, WOW ! qu’il me répond.

Tiens, c’est pas mal la phrase que j’ai dit tout l’après-midi aux enfants ça.

De toute façon, je ne sais pas pourquoi je m’en fais autant, ça finit toujours par être de la faute des mères anyway. Tu les as allaités trop ou pas assez longtemps, tu ne les as pas laissé assez pleurer, tu n’as pas fait assez de peau à peau avec eux lorsqu’ils étaient bébés, tu les as mis à la garderie trop tôt ou trop tard, tu fais trop d’activités structurées ou tu leur laisses trop de temps libre, tu leur as donné trop de gluten et pas assez de fruits, tu les laisses se chicaner tous seuls en-dedans pendant que tu es dehors en train d’installer les lumières de Noël…

Je dois quand même avouer qu’on a vécu un semblant de beau moment en famille en se gavant de nos biscuits au chocolat faits maison pour le dessert. Et, en ce moment, les trois gars écoutent Découverte, dans le silence absolu, pendant que je me défoule sur ce blogue…! Et j’ai négocié un congé pour la routine du dodo…

jeudi 7 décembre 2017

Appelez-moi Monsieur

 


          Mon beau-père.  Il est né en 1937.  Un homme de son époque.  Un actuaire, ancien vice-président d’une compagnie d’assurance-vie.  Un tantinet perfectionniste et contrôlant.  Un peu TOC aussi (mon amoureux ne tient pas du voisin, voir TOC, mon amour ).  Homme de détails et de précision. Un homme qui croit qu’un bon dirigeant c’est un dictateur éclairé.

          C’est un homme qui compte les cintres dans la penderie avant que la visite arrive pour voir s’il va en manquer. On a beau lui dire qu’on peut mettre les manteaux excédentaires sur un lit dans une chambre, rien y fait, il compte les cintres.  C’est un homme qui monte son abris-soleil  avec un ruban à mesurer et un niveau.  Un homme qui ne se sent pas bien s’il n’a pas d’assiettes à pain sur la table, même si on ne mange pas de pain.  Un homme qui lit en entier les guides d’instructions, deux fois plutôt qu’une, même pour un grille-pain.

          La fin de semaine dernière, lors de notre visite chez eux, je me suis proposée pour aller à l’épicerie acheter ce qu’il fallait pour notre brunch du lendemain. Cela l’a rendu nerveux.  Il m’a d’abord demandé s’il me fallait des sacs, je lui répondis que j’en avais déjà deux, il m’en sortit alors six autres, cela me sembla excessif, mais j’ai vu dans son regard qu’il considérait que manquer de sacs à l’épicerie était quelque chose qui n’avait pas de bon sens alors je me suis tu.  Après, il s’est rendu compte qu’il n’avait plus de fromage suisse.  Il mentionna alors qu’il allait retourner à l’épicerie plus tard pour en acheter.  Mon chum, interloqué, lui répondit que je pouvais très bien acheter ce fromage parce que c’était justement là que je m’en allais, à l’épicerie.  Il redevint nerveux.  Je me suis donc assise tranquillement, je l’ai regardé dans les yeux, j’ai pris ma liste d’épicerie et un crayon et je lui ai dit que je l’écoutais.  Le voilà qui fût rassuré.  Mais là, il se lança.   Il se mit à m’expliquer c’était quoi du fromage suisse, tsé celui avec des trous dedans.  J’écoutais patiemment.  Ensuite, avec tout le sérieux du monde, il m’expliqua où se trouvait le dit fromage dans l’épicerie, en entrant à droite, à gauche du Oka…Je faisais maintenant mine de prendre des notes.  Il me dit qu’il voulait aussi de la bière…ah…il irait la chercher au dépanneur plus tard…non, non, non, je pouvais aussi me charger de la bière à l’épicerie.  Il se mit à chercher la sorte…je le devançai, Alexander Keith, la bière de Luc, mon beau-frère, son fils aîné.  Oui, c’était ça.  Il me demanda si je voulais qu’il aille me chercher une bouteille vide au sous-sol pour être bien certaine que je ne me trompe pas de sorte. Non, non, non ! Pas nécessaire.  J’avais chaud, il fallait que je sorte (il faisait toujours quarante-douze degrés Celsius chez mes beaux-parents).  Je lui dis que j’avais mon cellulaire, que s’il pensait à autre chose, il pouvait m’appeler.  Il me regarda dans les yeux : « Là, lorsque le commis va être en train de mettre les sacs dans ton auto, tu m’appelles… » Pourquoi ?????????? « … moi ça va me donner le temps de m’habiller et je vais t’attendre dans l’entrée pour t’aider à rentrer les sacs. »

-         Non, Marcel.  Vous savez, j’ai déjà fait ça, l’épicerie.  Je dirais même que je fais ça à toutes les semaines.  J’ai pas mal d’expérience dans le domaine.  Je pense que je vais m’en sortir.

Il rit.

Incroyable, que je me dis en m’en allant à l’auto.  Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.

          Et je ne vous parle pas de ce fabuleux moment, il y a plusieurs années de cela, alors que mon chum avait prêté sa voiture à mon beau-père pour la fin de semaine.  Mon beau-père lui dit qu’il voulait avoir un « cours » avant d’utiliser la voiture (tsé pour savoir à quoi sert chaque piton).  Alors, mon chum et mon beau-père sortirent dehors et s’assirent dans la voiture.  Il pleuvait.  On devait être genre en novembre.  La voiture était garée près de la maison.  Par la fenêtre, ma belle-mère et moi observions la scène.  Mon beau-père avec son chapeau assis côté conducteur et mon chum, côté passager, qui donnait ses instructions.  Tout d’un coup, les essuie-glaces partaient et s’arrêtaient, les lumière s’ouvraient et se refermaient.  J’ai ri à en avoir mal au ventre. Ça me faisait penser à une scène de La Petite Vie, où Popa donnait le même genre de cours à Moman, lui apprenant, entre autres, à verrouiller et déverrouiller la portière « Ah ! Ah ! T’as fait barre et j’ai dit débarre ! » Moi qui avait pensé que c’était une caricature.

          En fait, mon beau-père c’est une caricature, un personnage en soi, quelqu’un comme personne d’autre dans mon entourage.  Il vient d’un milieu ouvrier et il a réussi à se glisser au sommet.  Grâce à son intelligence et grâce à sa ténacité aussi. C’est un homme fier, généreux également, et un éternel optimiste.   En dix-sept ans, il ne m’a jamais dit que je pouvais lui dire Tu.  Les amis de mon chum l’appellent Monsieur.  Moi, je ne peux pas, j’en suis incapable.  Je suis sa bru après tout.  Pour moi, c’est Marcel.  Mais, j’ai gardé le Vous.  Il ne me le dira jamais, mais je pense qu’il aurait aussi aimé que je garde le Monsieur.