jeudi 31 août 2017

Sortir avec un plus vieux


Oui, je sors du garde-robe : je suis en couple avec un homme de treize ans mon aîné. Dix-sept ans et deux enfants plus tard, nous sommes toujours ensemble.  Je le sais, je ne suis pas la première « jeune fille » à sortir avec un homme d’âge mûr, quoiqu’en 2017, j’ai plutôt l’impression d’être passée de mode, la tendance étant plutôt aux cougars.

          Lorsque tu as 21 ans et que tu fréquentes un garçon de 34 ans (tel était mon cas), tu as le droit, non pas à des commentaires, car généralement les gens les gardent pour eux, mais plutôt à des regards lourds de sens et à des attitudes qui en disent long.  Parfois, j’avais carrément l’impression d’entendre les gens penser.

          Un classique ?  Le complexe d’Œdipe non-résolu. Eh oui, c’est certain, je me cherche un deuxième papa pour me prendre par la main, pour terminer mon éducation, pour me couver, pour me dire quoi faire et comment penser. 

          Ensuite, il y a ceux qui te regardent comme la fille de passage, celle qui ne restera pas longtemps, celle à qui l’on ne s’intéresse que pour sa jeunesse et sa beauté (l’italique est important ici, cela veut dire que d’autres, pas moi, l’on peut-être pensé, quand j’avais 21 ans, je le rappelle). 

          Aussi, il y a ceux qui se disent qu’une fille de 21 ans, c’est parfait pour un gars qui ne veut pas s’engager et qui ne veut pas d’enfants, genre adulescent.  Ou peut-être que le gars en question ne réussit plus à séduire les filles de sa génération, donc il s’essaye avec une plus jeune, facilement impressionnable.

          À tous ces détracteurs, j’ai le goût de répondre que l’amour n’a pas d’âge, mais ça sonne un peu cliché, j’ai aussi le goût de leur dire que, lorsque tu tombes en amour, tu tombes en amour avec une personne et non avec son âge, mais ça aussi, ça fait un peu cul-cul.  Je pourrais aussi dire que l’amour ça ne se contrôle pas, mais ça je pense que tout le monde la sait déjà.

          Cela dit, être avec un garçon ayant une plus grande expérience de vie, ça demande quand même quelques adaptations.  Parce qu’évidemment, la musique qu’il aime et qui lui rappelle son adolescence, moi ça ne me rappelle absolument rien et ça me tombe sur les nerfs dès la deuxième chanson (genre Genesis, Supertramp, Roxy Music et Cie.).  Avec 13 ans d’écart, nous n’appartenons pas à la même génération, nous n’avons donc aucun souvenir musical, télévisuel ou cinématographique en commun. Passe-partout, ça ne lui dit pas grand-chose (outre le fait que Passe-Carreau était relativement sexy) et moi, je ne sais même pas à quoi ressemble Goldorak. La face que j’ai faite le jour où il m’a dit qu’il n’y avait pas de MacDonald quand il était tout-petit, pas plus que de petites boîtes de jus en carton.  Je pense aussi que les plaques d’immatriculations étaient d’une autre couleur !  Il a des contemporains qui se prénomment Jacques, Serge et même Marcel !  Nos parents aussi sont de deux générations différentes, les siens sont vieux et les mieux c’étaient des Boomers (vous savez, ceux qui ont pris toutes les jobs, n’en laissant aucune pour la Génération X ?). Ironiquement, les miens sont morts en premier. 

          Un amoureux plus âgé, ça te précède également en tout.  Je l’ai vu quitter la trentaine et éloigner son menu à bout de bras parce qu’il ne voyait plus rien, je l’ai écouté me dire que lui ne se sentait pas vieillir, mais que c’était le regard des autres sur lui qui changeait, je l’ai vu avancer tranquillement dans la quarantaine et s’enrober lentement, j’assiste présentement au début de sa cinquantaine…et je constate qu’il commence à en perdre des petits bouts de temps en temps ! Je sais donc, en quelque sorte, ce que me réserve l’avenir…

          Il  est vrai que, ayant perdu mes parents prématurément, j’ai toujours un peu tout le temps peur que mon chum attrape une maladie grave et nous quitte quelques mois après, me laissant seule avec les enfants, moi, jeune veuve de 38 ans. Quoique… Il sera peut-être alors le temps de me plier à la tendance actuelle, vous savez la cougar

         

jeudi 24 août 2017

Pourquoi j'haïs le sport


J’haïs ça depuis toujours je pense, c’est juste que parfois, j’oublie, mais il y a des moments, comme aujourd’hui, pour me le rappeler.

          Contexte : voyage familial en Gaspésie, Parc Forillon, avec un couple d’amis et leurs 3 enfants.  Nous décidons de faire une petite randonnée pédestre de 6.4 kilomètres aller-retour, dénivellation de 60 mètres, pour aller Au bout du monde, à l’extrémité est de la péninsule gaspésienne.  Bébé facile, diront certains.  Ouin, mais pas pour moi.

          On part, il fait chaud, très chaud pour un été gaspésien.  Il y a une brise saline, mais pas toujours.  On marche, on marche, on marche.  Peu après notre départ, je pense à cette phrase que mon cadet a dit, il y a deux jours, en se traînant les pieds lors d’une autre randonnée sur l’île Bonaventure : « Mais qu’est-ce qu’on fait ici ? », ou encore : « On a fait tout ce chemin juste pour voir des oiseaux ?! ».  Je me demande justement ce que je fais là à avoir chaud dans la poussière alors que je pourrais être sur la plage à me faire bronzer tranquillement ou à jouer innocemment dans les vagues.  Mais bon, le paysage est quand même beau et je me dis que ça va peut-être me faire perdre quelques kilos et me donner une allure un peu plus athlétique et un peu moins molle.

          Mais alors que je me dis qu’on doit bientôt arriver à ce fameux bout du monde, je vois The côte.  Elle me semble infinie.  J’essaie de ne pas me décourager et de me dire que j’ai juste à y aller un pas à la fois.  Mon aîné est déjà rendu en haut (il a monté la côte pratiquement en courant), mon cadet est derrière avec son père, complètement désespéré.  À mi-chemin, j’ai chaud, je n’ai plus de souffle, je calerais 28 litres d’eau, je sue de partout (avec l’air salin j’ai l’impression d’avoir de la colle sur toute la surface de la peau) et j’ai mal à la tête tellement le soleil est assommant.  J’ai beau chercher, je n’ai absolument AUCUN plaisir à ce moment, je ne trouve RIEN d’agréable à ce que je vis.  Je souffre.  Je ne peux pas aimer quelque chose qui est souffrant. Voilà. C’est tout. Ce n’est pas compliqué. Même rendue en haut de la côte, même rendue au bout du monde, je n’éprouve aucune satisfaction, j’ai juste le goût de mourir.  Je me couche sur le dos à l’ombre et j’attends que ma patate se calme le pompon.  Mon aîné me regarde d’un air interloqué : « Mon Dieu, maman, qu’est-ce qui t’arrives ? Tu as l’air épuisée ! ». Très drôle.  Je laisse mon chum s’occuper du pique-nique, moi je n’existe plus.  Je n’arrive même pas à trouver la vue belle, je ne vois plus rien.  Les enfants se chicanent pour savoir qui va avoir le ficello de crocodile, ce n’est pas mêlant, si j’avais assez d’énergie, j’en lancerais un en bas de la falaise ! (Ben non, je ne ferais jamais ça). Ce matin, il ne me restait plus qu’une seule petite boîte de jus, je me suis dit que je pourrais la partager entre les deux garçons, mais là, je suis tellement déshydratée que je décide de me l’enfiler au complet. Je le sais, ça fait dur, et je me sens cheap après. Mais ça ne dure que quelques instants car, je me dis ensuite que s’ils ont encore assez d’énergie pour se chicaner, ils n’ont pas de besoin d’un petit jus sucré pour se requinquer !

          Et puis, non seulement les sports c’est souffrant, mais je n’y ai en plus aucune aptitude.  Quand, dès la maternelle, c’est toi qui court le moins vite, toi qui ne réussit jamais à envoyer le ballon au bon endroit et encore moins à l’attraper, toi qui est toujours choisit en dernier dans les sports d’équipes, c’est pratiquement impossible de développer une relation saine avec les sports. Toute ma vie, j’ai toujours été celle qui traîne loin derrière ; la dernière en ski de fond, en patin, à la course, en vélo, à la marche, name it. Et n’essayez pas de me dire des conneries du genre l’important c’est de participer ou bien l’important c’est de t’améliorer, il faut te comparer à toi-même, ce n’est juste pas vrai, tout être humain a un minimum d’orgueil et ne veut jamais être le plus poche, avouez que c’est toujours rassurant de regarder derrière son épaule et de voir qu’on est pas le/la dernière ou de remarquer quelqu’un qui se la pète plus souvent que nous, ça procure un genre de soulagement.  Imaginez maintenant que ce soulagement ne vient jamais.  Il m’est même déjà arrivé, encore  récemment, qu’on pense que je fasse des blagues, que je fasse exprès d’être poche : « Sérieux ?! C’est ton plus vite ça ? Non ! Pour vrai ?».  Je ne peux pas aimer quelque chose qui est source d’humiliation.  Vous aurez beau me parler d’endorphines et de saines habitudes de vie, ça ne fait juste pas le poids face à tous mes traumatismes.

          Maintenant que je ne suis plus aux prises avec des cours d’éducation physique obligatoires, je peux REFUSER toutes propositions sportives confondues.  La ballade de groupe en ski de fond, c’est non.  Je ne vais pas encore traîner derrière le groupe, essoufflée et en douleur, maintenant que j’ai le choix, je ne vais pas m’infliger ça. On ne demande pas à un dyslexique d’aimer la lecture, alors ne me demandez pas d’aimer le sport !

jeudi 17 août 2017

Femmes modernes ?


  Je dis souvent, à la blague (ben pas à la blague tant que ça, au fond), qu’être née à une autre époque (ou dans un autre pays), je crois bien que je n’aurais pas survécu. Je doute que j’aurais réussi à trouver ma place dans une société d’hommes faite par les hommes pour les hommes.  J’aurais certainement finit  cloîtrée chez les bonnes sœurs ou bien j’aurais vécue quelques années comme femme au foyer hyper dépressive avant d’aboutir dans un institut psychiatrique, internée jusqu’à la fin de mes jours. Au 16e siècle, j’aurais certainement été brûlée pour sorcellerie.

          Aujourd’hui, au Québec, les femmes sont certes plus libres ; libres de voter comme elles l’entendent, libres de faire le métier de leur choix, libre d’avoir ou non des enfants. Nous sommes plus libres, mais quand je regarde autour de moi, j’ai l’impression que, parfois, nous nous coupons nous même les ailes, que nous nous ajoutons volontairement du poids sur les épaules, ce qui nous fait avancer plus lentement et plus difficilement que les hommes. 

          La plupart des femmes de mon entourage (et j’inclus mon moi-même) travaillent.  Elles travaillent dur.  À temps plein.  Elles ont des enfants (un, deux, trois et parfois quatre).  Elles travaillent et elles s’occupent des enfants.  Leurs conjoints travaillent aussi. Et ils s’occupent aussi des enfants.  Parfois. Jamais autant qu’elles. Une simple question ici : pourquoi ?

          Une amie m’a dit un jour, de la façon la plus naturelle qui soit : « Depuis que les filles sont nées, c’est toujours moi qui se lève la nuit. » Elle ne se plaignait pas, elle n’accusait pas son conjoint de ne pas en faire assez, elle me disait ça comme ça, en passant, pour faire la conversation.  Je me rappelle avoir figée (ses filles avaient alors 3 et 5 ans). Tout ce qui me venait en tête c’était : « Il est en fauteuil roulant, c’est ça, c’est pour ça qu’il ne se lève pas la nuit, hein ? ».  Pour moi, c’était la seule raison qui vaille ; la paralysie des membres inférieurs et rien d’autre. C’est écrit où exactement que c’est la mère qui doit toujours se lever la nuit ??? Pourquoi ne pas oser demander à son conjoint de faire un petit effort nocturne ? 

          Je pense également à cette autre amie qui s’occupe de tous les aller-retour à la garderie.  Pourquoi ne pas partager cette tâche avec papa ?!? « Ah ! C’est parce qu’il travaille loin, il commence tôt, il finit tard… ». Et bien,  il n’a qu’à faire comme nous, à quitter la maison encore plus tôt, à faire un détour et à rentrer vraiment crevé le soir parce que le plus jeune a décidé de s’affirmer et a refusé haut et fort de mettre ses bottes au départ de la garderie.

Pour moi, être libre ça ne veut pas dire tout faire toute seule.

Et puis, les papas, ils se permettent bien de partir une semaine complète à l’étranger ou dans un camp de pêche, sans culpabilité aucune. Alors que nous, si nous osons nous absenter deux heures un soir de semaine pour un cours d’Aqua-Gym, oh là, culpabilité assurée !

Et je ne parle même pas des tâches ménagères.  Je sais que plusieurs hommes cuisinent (mais bon, ça ne compte pas, la cuisine c’est tendance de nos jours), mais trop souvent les femmes assument encore plus que leur part d’ouvrage.  Je repose la question : pourquoi ?

Nous croyons être modernes, car nous avons une vie professionnelle et une autonomie financière, mais nous sommes encore prises dans de vieux stéréotypes qui nous empêchent de partager les tâches éducatives et domestiques avec ceux qui pourraient être nos meilleurs alliés, les papas.  

Emma

jeudi 10 août 2017

C'est pas moi c'est l'autre


« Mamaaaaaaaaaaaaaaan !!!!!!!!!!!!!!!! ». Oh ! Douce mélodie à mes oreilles ! Mais que s’est-il encore passé ?!? Qui a fait mal à qui cette fois ?!? Je suis rendue au bout du bout du bout. À bout de nerf. À bout de patience.  À bout de solutions. À toutes les trois minutes et demie environ, j’entends un cri. Pas un petit haussement de ton, pas une petite crisette, un cri, un vrai, un qui fait mal aux oreilles.  Encore une chicane. C’est peut-être du sérieux dans le genre : « Il a pris mon dinosaure sans me le demander et il l’a perdu ! » ou c’est peut-être plus subtile : « Il n’arrête pas de me regarder faque je l’ai poussé ! ». Mais la plupart du temps je me retrouve devant une bagarre et c’est bien difficile de remonter le fil des événements pour trouver l’élément déclencheur.  Enfant A agace Enfant B, Enfant B finit par lui crier dans les oreilles, Enfant A lui donne un coup de pied pour se venger, Enfant B le griffe au visage, tout ça en moins de 15 secondes, le temps d’un tout-petit pipi, et je viens de perdre le contrôle de mes enfants.

Les raisons pour se chicaner sont sans fin et mes enfants font preuve d’une très grande créativité quand vient le temps de se mettre en désaccord. Être le premier en toutes situations est évidemment un classique.  Enfant A s’en va se brosser les dents et, tout-à-coup, Enfant B veut lui aussi se brosser les dents, il se met donc à courir afin d’être le premier à pénétrer dans la salle de bain. Il s’en suit donc une inévitable bousculade dans le cadre de porte avec des cris stridents dans le style :

-        Non, c’est moi qui étais là en premier !!!!!

-        Non, c’est moi. Menteur !!!!!

Ensuite, je leur dirai qu’il est temps de prendre leur douche.  Ils continueront de jouer sans faire attention à moi et à ce que je dis.  Je vais insister, ils vont me dire qu’ils n’ont pas le goût de prendre leur douche.  Je vais insister encore.  De peine et de misère, l’Enfant A finira par se lever pour aller dans la douche, à ma grande stupéfaction. L’Enfant B le remarquera soudain et, pris de panique à l’idée d’être deuxième, se ruera dans la salle de bain.  L’idée de prendre une douche l’insupporte, mais l’idée d’être le deuxième à prendre sa douche, l’insupporte encore davantage.

          C’est infini je vous dis, infini.  Le premier à choisir sa pomme, le premier à se verser du lait, le premier à monter dans l’autobus, le premier à sauter dans la piscine, le premier à avoir son bisou de bonne nuit,…

          Et c’est sans compter les :

-        Arrête !!!!!!! Quand l’un s’emmerde et décide d’achaler l’autre pour se désennuyer.

         Ou bien les :

-        Aïe !!!!! C’est à moi !!!!! Quand l’un prend subtilement le jouet de l’autre sans avoir demander la permission.

Ou encore les :

-        Mamaaaaaaaaan !!! Enfant A n’arrête pas de dire CACA et de me montrer ses fesses.

         Sans oublier les :

-        C’est pas moi, c’est Enfant B !!!!!! J’ai rien fait !!!!!!!!

Enfin les :

-        Ayoooooooye !!! Quand l’un jouant négligemment avec un ballon l’enverra  directement dans le visage de l’autre.

Tous ses cris me rendent folle. Parce qu’il faut dire qu’il y a aussi des cris même quand tout va bien.  Il y a les cris du grand déconnage genre j’imite un pokémon, je recrée une bataille de dinosaure ou je dis le plus souvent que je peux les mots pipi, caca, poil. Il y a aussi les cris pour les besoins de base :

-        J’ai faim !!!!!

-        J’ai soif !!!!!!

-        Je n’arrive pas à dormir !!!!!

Et finalement, les cris de joie ! Mais, rendue là, je ne suis même plus en mesure de les différencier, tout ce que je veux c’est cinq minutes de silence absolu. Je vendrai mon âme pour les avoir. Mais heureusement qu’une petite voix me susurre à l’oreille que, lorsque j’aurai 70 ans, ma maison (ou bien mon appartement ou ma pension de vieux) sera assurément très tranquille et que les cris, au fond, c’est la vie !