dimanche 16 août 2020

Camping en famille : le plaisir décroît avec l'usage

L’an passé, pour nos vacances d’été, nous avions opté, entre autres, pour quatre nuits de camping en tente Huttopia toute équipée et nous avions a-d-o-r-é l’expérience.  Les joies du camping avec le confort en plus (frigo, lit surélevé, chauffage, etc.).  J’étais même restée un peu sur ma faim.  J’ai donc voulu récidiver cette année en réservant quatre nuits de camping de luxe dans deux camping différents (donc huit nuits si vous me suivez bien).

La première moitié du voyage fût un vif succès.  En pénétrant dans notre premier campement, mon plus jeune s’écria dans un élan de joie : « Je suis tellement content d’être ici !!! ». Alors là, je me suis souri à moi-même en me disant que j’avais vraiment fait un bon choix de vacances.  Mon chum avait pensé à amener les vélos des enfants et ceux-ci disparaissaient donc à tout moment pour aller explorer les alentours ou terroriser les plus jeunes au parc en montant la glissoire du côté où tu es supposé glisser.  Pendant ce temps, mon chum et moi, on prenait un apéro full relaxe en appréciant le moment présent comme des champions.

J’étais heureuse.

Je me revois encore faisant la vaisselle en plein soleil en soulignant à mon amoureux à quel point même faire la vaisselle devenait agréable en camping.  Encore mieux : les enfants vinrent nous proposer leur aide.  Non seulement pour la vaisselle, mais aussi pour partir le feu, pour faire cuire les hot dog, pour ramasser le bois. Le soir, ils nous suppliaient pour aller se coucher dès que la noirceur s’installait.  Je m’auto-félicitais.  Quel génie j’étais.   Une super maman qui offrait des vacances de rêve à ses enfants.  Ceux-ci s’occupaient en cueillant des framboises, en construisant des pièges à tamia et en se fabriquant des baguettes magiques avec des branches d’arbres.  Je répétais de façon obsessive à mon chum à quel point nous étions bien.  Et le plus important : absence de tous types d’écrans confondus.  Une cure pour tout le monde, moi y compris ; aucun signal sur mon écran cellulaire.  Une note parfaite sur toute la ligne.

Nous nous transportâmes donc au 2e camping.  Première déception : à la sortie de la voiture, les mouches noires nous assaillirent.  Les enfants se mirent à chigner, mon chum me regarda d’un air inquiet et moi de me dire, paniquée : « Des mouches noires au mois d’août, sérieux ?! ».  Les chemins de ce camping étant plus cahoteux et pentus ; le vélo perdit de son intérêt.  Je ne me laissai pas abattre pour autant et me focalisai sur le positif : nous avions une belle vue sur la rivière.  Prochaine activité : une ballade en kayak.  Super.  Mon plus vieux se mit tout de même à ronchonner : il préférait le premier camping, il s’ennuyait, c’était long pas d’écran.  On essuya une journée de pluie : le moral des troupes fût sérieusement en baisse, le mien en premier.   Après la nuit d’averse, tout était mouillé à l’extérieur de la tente et tout était humide à l’intérieur de la tente.  Lors de ma promenade matinale pour aller soulager ma vessie, je marchais dans la bouette sur un fond d’air froid-humide-dégueu et je déprimais. À mon retour à la tente, je cherchais une petite veste à me mettre sur le dos; je pris la moins humide, qui ne me réchauffa pas du tout.  Tout étant trempé, je bus mon café et mangeai ma toast debout toute crispée dans le seul petit carré de soleil présent sur notre terrain.  Et là mon cerveau partit en vrille ; quatre nuits c’étaient amplement suffisant, huit nuits, beaucoup trop, toujours arrêter une activité à son apogée.  J’avais l’impression d’être mouillée jusqu’à l’intérieur de mes os.  J’avais mal au dos.  Tout mon linge sentait la fumée et tous mes souliers étaient plein de sable (oui, oui, j’ai amené cinq paires de souliers pour neuf jours).  Je puais.  J’étais collante.  Je trouvais débile la petite marche en forêt pour aller me brosser les dents alors que je la trouvais si zen au début.  Un écureuil pénétra dans notre tente, ravagea notre dernier rouleau d’essuie-tout, grugea la moitié d’une banane et déféqua un peu partout.  Mes enfants, jadis amis des animaux, se mirent à faire des rêves macabres d’écureuils morts.  Mon plus vieux ne se remit pas de la banane perdue et mon chum pleura les essuie-tout déchiquetés.  J’essayais encore une fois de focaliser sur le positif, de ne pas me plaindre devant les enfants : je n’entendais pas, en ce moment, délirer un youtubeur français ou crier un personnage débile de télétoon dans mes oreilles, ce n’était pas rien quand même.  Plus tard, surf à pagaie avec mon aîné.  Super.  Mais je peinais à en profiter en voyant l’air découragé de mon chum qui tournait en rond dans un canot pneumatique avec mon plus jeune qui refusait de pagayer.  Je regardai mes premières photos mises sur facebook pour me rappeler que j’avais déjà été heureuse.  Évidemment, inutile de mentionner qu’à ce stade, plus personne ne nous offrait d’aide pour faire la vaisselle.

Et là, je me suis dis que je devais être une maniaco-dépressive du camping : avoir été si enthousiasme au départ et être si dépressive en ce moment.  Et puis, qu’est-ce que je faisais isolée dans le fond des bois alors que je vivais déjà dans les bois à l’année ?

Mon père avait coutume de dire que la visite c’était l’fun deux fois : quand ça arrivait et quand ça repartait.  Ouin, ben idem pour le camping.