jeudi 25 avril 2019

MERCI



J’ai débuté ce blog il y a deux ans, dans le but de partager un peu de mon vécu entourant le décès de mon père.  Ce fut pour moi très libérateur.  J’ai alors élargis mon répertoire, parlant de ma famille au sens large, de moi plus en profondeur, de ce qui m’entoure, de ce qui me préoccupe.
Chaque texte venait de mon fond, comme dirait l’autre.  Je n’avais d’autre objectif que celui de raconter ce qu’il y a à l’intérieur de moi qui s’exprime plus difficilement autrement.
Merci pour tous vos commentaires et encouragements, ils m’ont motivée à poursuivre ; à continuer de creuser en moi, à persévérer dans ma tentative de compréhension du monde extérieur.  À travers ce blog, j’en ai appris sur moi, j’en ai appris sur vous.  Même si la formule est éculée, je dois vous le dire : ce fut pour moi une expérience des plus enrichissantes.
Après deux ans, mon monde intérieur s’est extériorisé, mon jardin secret s’est dévoilé et je dois avouer, qu’aujourd’hui, les sujets me viennent moins aisément et que je commence à craindre la répétition.  Et puis mon 40e anniversaire est maintenant à portée de main ; une centaine de jours à peine m’en sépare.  Vous m’avez aidée à apprivoiser cette cinquième décennie qui commencera bientôt.
Je ferme donc ce petit blog dans les faits (118 abonnés), mais Oh ! combien grand dans mon cœur.  Mes textes iront dorénavant errer dans les tréfonds des internets pour des siècles et des siècles.
Merci encore d’avoir pris le temps de me lire dans cette vie où tout va vite, de vous être arrêtés sur mes petites publications Facebook qui n’avaient même pas de photos au départ, vous êtes trop hot.
Bonne continuité à tous et à toutes,
Andréanne

vendredi 12 avril 2019

Pensées dominicales



Le dimanche.  Journée paradoxale s’il en est une.  Journée ambiguë.  Journée mi-figue mi-raisin.  Journée de repos et d’appréhension. Journée de congé avec l’aura de la semaine qui commence.
            Durant mon enfance, j’avais le dimanche en horreur.  D’abord, c’était le jour de la semaine où je devais me laver les cheveux.  Oui madame, une fois par semaine et c’était déjà trop pour moi.  Il fallait cesser nos jeux extérieurs plus tôt que le samedi, question de pouvoir prendre son bain ou sa douche avant le souper.  Ark. À 16h le dimanche, c’était donc le début de la fin de la fin de semaine.  Le plaisir arrêtait à 16h et, en tant qu’anxieuse, je peux dire que mon plaisir arrêtait bien avant 16h, dans l’anticipation de l’arrêt de plaisir.  Envolée, la belle insouciance du samedi, de son temps élastique, de l’absence de contraintes et de Il faut se coucher tôt parce qu’il y a de l’école demain. L’heure du coucher était fixée à 20 heures.  Je me rappelle encore de l’intro des Beaux Dimanches qui sonnait pour moi la fin définitive du week-end.  Cette musique résonnait dans ma tête comme un chant funèbre.  Et, à chaque fois, l’émission qui débutait me semblait d’un ennui mortel, ce qui ajoutait à mon sinistre sentiment.
            Lors de mes études dans la grande ville, le dimanche était le jour où je requittais le nid familial vers ma vie de jeune-adulte-qui-doit-apprendre-à-vivre-comme-une-grande-et-faire-face-à-de-nouvelles-responsabilités. Oh qu’il y avait de l’angoisse dans ce dimanche ! L’angoisse de la semaine chargée à venir, mais aussi l’angoisse de ma vie en général.  Où serais-je une fois mes études terminées, que m’arriverait-il une fois lancée définitivement dans le vide ?
            Aujourd’hui, j’ai tout-de-même le dimanche plus zen.  Plus de grandes angoisses, plus de crises de lavage de cheveux.  Mais, lorsque je me couche le dimanche soir, j’ai tendance à faire un genre de bilan de ma fin de semaine.  Parfois, je me rends compte que je n’ai pas vraiment vu mon chum de la fin de semaine (je veux dire, on vit ensemble, mais tsé, avec les enfants et toutes les tâches à faire, on est ensemble sans vraiment être ensemble, comme des enfants qui jouent en parallèle).  Alors, tout d’un coup, je me colle sur mon chum et je lui dis que je l’aime, comme pour rattraper les manquements de la fin de semaine. Ou bien je réalise que je n’ai pas vraiment pris de temps pour moi alors je lis deux pages de mon roman dans un état de fatigue extrême pour me faire croire que je prends soin de moi.  Ou encore je me dis que je n’ai pas assez rangé ma maison, alors je me lève et classe deux ou trois papiers pour me donner bonne conscience.  Ou je réalise que j’ai trop crié après mes enfants et là je me sens coupable parce que je ne les verrais plus de la semaine, alors je vais embrasser leurs visages endormis pour me racheter.
            Le dimanche, je ne suis jamais complètement libre.

vendredi 5 avril 2019

Temps des sucres 2019


Nombre de gallons de sirop : 0.  Nombre de bouilles : 1.  Nombre de barils d’eau d’érable ramassés et vidés au sol : 1.  Nombre de barils d’eau d’érable ramassés : 3.  Nombre de fois où on s’est prises dans la neige avec les motoneiges : infini fois.  Nombre de fois qu’on s’est déprises toutes seules : 0 fois (ben non, trois fois au moins, je pense).  Nombre de filles découragées : 2. Nombre de fois où j’ai voulu tout abandonner faute de force musculaire : 38.  Nombre de fois où j’ai callée dans la neige jusqu’aux genoux avec des raquettes : 5.  Nombre de crochet indispensable pour tenir la flotte que j’ai perdu : 1.  Nombre de mauvaises décisions lors de la conduite de motoneige ayant entraîné un enlisement : 3.  Nombre de batailles d’enfants avec marteaux : 2.  Nombre de fois que mon fils aîné a perdu son marteau dans la neige : 4. Nombre de traîneaux brisés : 2.  Nombre de traîneaux au total : 2. Nombre de traîneaux réparés par le chum : 1.  Nombre de traîneaux ayant brisés moins de 24 heures après la réparation : 1. Nombre de demi-frère qui entaille des érables bien trop loin des sentiers : 1. Nombre du tuyau en plastique qui a raidi pendant l’hiver et qu’on est plus capable d’installer : 1.  Nombre de fois où je me suis dit que si j’étais un homme j’aurais moins de misère : trop de fois. Nombre de fois où je me suis dit on ne peut pas faire les sucres 2 filles toutes seules, ça nous prend un gars dans notre équipe : 10. Nombre de fois où j’ai regretté d’avoir pensé ça : 10.  Nombre de fois que ma sœur a dit on enlève tout ça ces chaudières-là pis on met de la tubulure partout : 5.  Nombre de fois où le demi-frère qui entaille trop loin a sorti la motoneige d’un enlisement d’une seule main : 1. Nombre de fois qu’on a failli tuer quelqu’un en reculant la motoneige qui a un reculons : 2.  Nombre de fois où je crinque la motoneige comme une malade, qu’elle ne part pas et qu’un gars la crinque une seule fois et qu’elle part immédiatement : tout-le-temps.  Nombre de fois où j’en veux à mon père de ne pas nous avoir montré plein d’affaires parce qu’on est des filles : des fois.  Nombre de personnes qui, je pense, souhaite nous voir échouer : plusieurs personnes (mais je suis un peu paranoïaque).  Nombre de soudures qui ont lâchées sur une panne et qui ont entraîné un méga dégât d’eau : 1.  Nombre de panne descendue de la cabane sur une luge d’enfant pour la faire réparer : 1.  Nombre de fois où je me dis que, là-haut, mon père doit être en train de rire un bon coup en nous regardant nous dépatouiller : infini fois. Nombre de mini-dépression saisonnière : 1.  Nombre de fois où je suis fière de moi : quelques fois, quand même.