Bon,
ce n’est pas mon expression, c’est celle de Stéphan – pas de e - Bureau, mais
j’ai décidé de l’adopter. Ce qui était hot jadis est rendu ringard aujourd’hui
et vice versa. Alors qu’autrefois, avoir
une belle voiture rutilante de l’année suscitait l’envie de tes contemporains,
aujourd’hui t’as juste l’air d’un vieux borné inconscient des enjeux
environnementaux. Un vélo ultra performant est plus
tendance. Alors que marcher un mille à
pied a jadis été le pain quotidien des pauvres gens, aujourd’hui, ça représente
la santé, la zénitude, l’effort
environnemental. Même si tu as beaucoup d’argent, marcher à la cote.
Il y a
aussi les vieilles affaires qui reviennent à la mode. Je pense, entre autres, aux pots Masson. Que ce soit pour une soupe, un
drink, un dessert, pour fabriquer une
chandelle ou une lampe électrique, tout est cool avec un pot Masson. Je pense aussi à la mode des
planches de grange que je ne saisis pas tout-à-fait. Depuis quand de vieilles planches grises
c’est supposé être beau ? On a une vieille grange chez-nous, d’aussi loin que
je me souvienne, mes amis ont toujours considéré ça comme une vieille affaire
pas trop solide. Maintenant, on trouve
ça beau. On utilise de vieilles planches
de grange comme accessoires déco dans un condo moderne et voilà, tous tes
invités tombent en pâmoison. La planche de grange, symbole de la
récupération, du naturel, de l’authentique, de l’ancien, du retour aux
sources. Je n’aurais jamais pensé un
jour être hot avec ma vieille
grange. Quoique ma grange, c’est encore
une grange, je ne l’ai pas transformée en quelque chose d’autre, donc je ne
suis pas vraiment hot au fond. Il paraît même que la tendance c’est d’y
célébrer des mariages…tient ça pourrait peut-être payer les taxes de la ferme
ça…
Je
m’en voudrais de passer sous silence, la dégringolade qu’ont subi les bières
importées. Il y a de cela quelques
années, boire de la bière importée te mettait dans une classe à part, tu
passais pour un fin connaisseur, raffiné, ouvert sur le monde. Plus maintenant. Aïe ! Toute la pollution
produite par cette bière-là pour se rendre jusqu’ici, pensez-y. Le nouveau snobisme, c’est les bières
locales, des microbrasseries. Je me
rappelle aussi de mon oncle qui nous avait amené des caramboles à un brunch
familial. Wow ! Un fruit en forme
d’étoile ! C’était exotique, impressionnant.
Il avait réussi son effet mon oncle.
Tu ne verrais plus ça aujourd’hui.
Dorénavant, pour faire son effet, il faut faire pousser ses propres
fruits, pas polluer la planète en important des fruits exotiques de d’autres
pays.
Le
nouveau snobisme, c’est aussi voyager de façon responsable. Les enjeux climatiques, d’accord, mais pas au
point de s’empêcher de prendre l’avion.
Alors, pour se déculpabiliser, on évite le tourisme de masse, on
respecte les écosystèmes, on s’intéresse vraiment aux populations locales.
Qui
sait, peut-être que dans quelques décennies nous redécouvrirons le charme
subtil du papier et du crayon, de son naturel, de sa simplicité, de son côté
organique, voir sensuel ? Qui sait, peut-être que le nouveau snobisme sera
d’envoyer des lettres écrites à la main, des invitations manuscrites seront
peut-être la nouvelle tendance vintage.
Le nouveau snobisme sera peut-être de préserver son intimité, de ne plus
diffuser à tout vent des photos de soi, de ne plus partager sans cesse (comme
je le fais en ce moment) ses réflexions, ses opinions, ses tranches de vie, de
laisser un mystère nous entourer ?