vendredi 20 novembre 2020

Une boule pour Noël

 


Mi-novembre.  Il me semble qu’on est dû pour une petite sortie en famille.  Depuis l’été, on n’est pas vraiment sorti.  Mais là, pandémie oblige, tout ce qu’il y a d’ouvert, c’est les centres d’achats.  Qu’à cela ne tienne, je viens de trouver l’activité familiale parfaite en ce dimanche pluvieux.  Mon chum ne pourra pas me gosser avec le bois de chauffage à rentrer, on a fini ça la fin de semaine passée (bon, quand je dis « on », j’exclue quand même un peu la personne qui parle, ben pour les derniers voyages, mettons).  Donc, les centres d’achats, je disais.  Je décide de jeter mon dévolu sur les suédois ; cap sur Ikea. Je vérifie sur les internet : c’est ouvert et, non seulement ça, mais le r-e-s-t-a-u-r-a-n-t est également ouvert.  Voilà comment je vais convaincre mon chum : par le ventre. Difficile de résister aux boulettes suédoises et aux mashed potatoes. 

            Mais je vois bien l’air dubitatif de ma tendre moitié suite à ma proposition, et ce, malgré la légère hypersalivation occasionnée par la mention de la boulette. Et de quoi a-t-on besoin déjà au Ikea ? Bon là, j’avoue que tout ce que j’ai trouvé c’est : de paniers à linge sale pour la chambre des enfants. Il continue donc de m’embêter avec ses questions dans le genre : est-ce que c’est vraiment urgent ? Euh…oui. Pis on a aussi besoin d’un porte-savon pour la salle de bain d’en bas. Pis d’une housse de couette pour fils aîné. Il n’en a pas déjà une ? Raba joie. Je souligne qu’il a déjà une housse de couette d’enfant, mais que là c’est rendu un ado donc il a besoin d’une housse de couette d’ado.  Pis on a aussi besoin d’un égouttoir à vaisselle parce que notre vieux qui remonte au temps où mon partenaire de vie était étudiant et qui tient avec des tie wrap, c’est aujourd’hui que ça s’arrête.  Je suis en feu, je ne cesse de me trouver des besoins. 

            On finit par partir.  Je laisse mon chum conduire ma nouvelle voiture, question de le mettre dans de bonnes dispositions.  Il s’agit en plus d’un voyage exotique, car par ici le Ikea le plus proche est à Ottawa, dans une autre province, de l’autre côté de la rivière, là où ça parle anglais.  Traverser un pont et parler une langue étrangère, à l’ère de la Covid-19, ce n’est pas rien.

            Et la magie suédoise opère : la journée se passe à merveille.  Même mon chum est content.  J’ai trouvé mes deux paniers à linge sale et mon porte-savon.  Mon chum a flanché pour une planche à découper et deux ou trois ustensiles de cuisine.  Un toutou pour mon plus jeune et un coussin avec une face de lion pour mon plus vieux et l’affaire est Ketchup. Mais le summum, le top du top, c’est la petite boutique de Noël en fin de parcours. Et c’est là que je la vois.  Une boule à neige de Noël. J’ai un genre d’élan de joie suprême.  Je n’ai jamais acheté ça de ma vie moi, une boule à neige, mais c’est comme si, tout d’un coup, c’est ça que ça me prenait ; pour un Noël en confinement, je ne vois pas meilleur accessoire.  Rester chez-soi et se shaker la boule pour y contempler la neige tomber d’un air nostalgique, en pensant aux temps d’avant.  Métaphore de notre vie de confiné ; chacun dans sa bulle, chacun sous sa propre cloche de verre, à revivre des journées toutes plus semblables les unes que les autres.

            En plus, mon fils cadet capote sur ma boule à neige, il me dit qu’il est juste trop content que j’aie acheté une telle merveille et mon fils aîné s’est empressé de lui trouver un endroit pour la mettre en valeur.

            Décidément, pour ma part, Noël 2020, ce sera le Noël de la boule à neige.

 

jeudi 5 novembre 2020

Vie de famille : les jeux de société

 


Ce soir, place au temps de qualité en famille.  Ce soir, on ne se contente pas du banal temps de quantité qui est à la portée de tous.  Oh que non ! Pas d’enfants devant Télétoon, pas de maman qui pitonne sur son cellulaire, pas de papa qui ronfle sur le sofa. Ce soir, on s’amuse ENSEMBLE, on resserre nos liens familiaux.

Moi : OK gang, à quel jeu voulez-vous jouer ce soir ?

Fils aîné : À Blokus ! 

Fils cadet : À Trouble !

Papa : …

Fils aîné : Nooon ! Pas Trouble !

Moi : Et si on jouait au nouveau jeu que j’ai acheté ?

Fils aîné et cadet : Oui !!! Le nouveau jeu !!!

Papa : …

Bon. Évidemment, c’est moi qui se tape la lecture des règlements.

Moi : Bon, chacun choisit un pion.

Fils aîné : Moi je prends le bleu !

Fils cadet : Nooon ! C’est toujours toi qui prends le bleu !

Fils aîné : Ben, c’est ma couleur préférée, toi, c’est le rouge, faque prend le rouge!

Papa : …

Moi : Ben non, vous n’allez pas vous chicaner pour une couleur de pion !

Fils cadet : OK. OK. Je prends le rouge !

On commence la partie.

Fils aîné : Papa, c’est à ton tour !

Papa : Oui, oui. Qu’est-ce qu’il faut que je fasse déjà ?

Moi : Ben là, j’viens juste de l’expliquer !

Fils aîné : Ben oui, papa, franchement !

Papa : Ah oui, lancer le dé ! Il est où le dé ?

Moi : J’sais pas ! Qui a vu le dé ?

Fils aîné : C’est fils cadet qui l’a échappé par terre !

Fils cadet : Même pas vrai, c’est toi qui l’a pris en dernier !

Papa : Ben voyons, y’a pas disparu !

Moi : OK. Je l’ai.  Y’était caché par la pile de cartes.

On joue en harmonie quelques minutes.

Fils aîné : Qu’est-ce que ça veut dire déjà cette carte-là ?

Moi : Minute, je vais relire les règlements.

Fils cadet s’impatiente et se met à agacer le chat. Papa ferme les yeux et dodeline de la tête.  Fils aîné fait des bruits de bouche.

Moi : OK. Je l’ai…Allo, vous m’écoutez !?

Fils cadet : C’est nul ce jeu-là ! J’veux jouer à Trouble !

Fils aîné : Non, Trouble c’est nul !

Papa : …

Moi : OK. Avec cette carte-là, il faut que tu recules de 4 cases.

Fils aîné : Noooon ! C’est pas juste ! J’vais être le dernier !

Fils cadet s’empare du dé.

Moi : Non, attends, c’est pas ton tour, c’est le tour de papa… PAPA ?! Ça serait l’fun que tu suives un peu !

Papa : Woh ! Woh ! Calme-toi.  On a besoin de plus de calme ici.

Fils cadet s’empare du dé à nouveau.

Moi : Non, c’est le tour de papa.

Fils cadet : Ben, c’est looooong !!!!

Fils aîné : La carte de tantôt, ça comptait pas, c’est parce que j’avais pas compris, je réavance de 4 cases.

Fils cadet : Aïe ! C’est pas juste !

Moi : OK. Le jeu est fini.

 

            Les fils disparaissent en coup de vent.  Papa s’est rendormi.  Je ramasse toute seule.

            Vive le temps de quantité. Chacun devant son écran et l’harmonie familiale sera bien gardée.