vendredi 18 mai 2018

Le lave-vaiselle


Bon.  Je pense qu’il est temps d’en parler, de crever l’abcès, de faire sortir le méchant, de mettre cartes sur table, de poser la question une fois pour toutes.  Non mais, les gars, c’est quoi cette obsession maladive avec le lave-vaisselle ??? C’est quoi ce souci du placement parfait et méthodique comme si votre vie en dépendait ? Pourquoi accorder autant d’importance à l’emplacement des petites cuillères ?  Il ne faudrait surtout pas qu’elles s’imbriquent l’une dans l’autre et qu’elles risquent par le fait même d’être mal lavées.  Aïe ! Ça te part mal une journée ça !  Pourquoi cette analyse exhaustive de la façon de maximiser le nettoyage de chaque article ou de pouvoir en mettre le plus possible par cycle de nettoyage ?

            J’hallucine quand je vois mon chum passer 20 minutes penché au-dessus de son lave-vaisselle (l’utilisation de l’adjectif possessif est important ici) sans rien mettre dedans, il fait juste changer des affaires de place.  Comme si son lave-vaisselle était un tetris géant.  Et il est concentré quand il fait cela, oh là, c’est du sérieux.  Le téléphone sonne, il ne répond pas.  Les enfants se chicanent à moins d’un mètre de lui, il les remarque à peine.  Une tâche de la plus haute importance requiert toute son attention, comme s’il était en train de désamorcer une bombe nucléaire.  Et gare aux invités qui voudraient simplement aider en débarrassant la table et en mettant quelques morceaux dans le lave-vaisselle. Aouch.  Je vois alors instantanément le stress s’installer sur son visage.  Il devient de plus en plus nerveux.  Finalement, il se lève et demande avec tact à l’invité de tout arrêter, qu’il va s’en occuper.  Il a l’air fin de même, mais moi je dis qu’il est plutôt contrôlant.  Il ne peut supporter de perdre le contrôle de son lave-vaisselle.  Peut-être est-ce la dernière chose qu’il a encore l’impression de contrôler dans sa vie ?  Peut-être aimerait-il pouvoir contrôler les différents aspects de sa vie comme il le fait avec les verres et les assiettes ? Pouvoir les déplacer, les changer de côté, les rincer un peu plus, les essayer dans l’étage du bas.

            La nuit dernière, sa psychose du lave-vaisselle a atteint son paroxysme (je vous rappelle ici que mon amoureux il a de petites tendances TOC ). Donc, il sort avec des amis.  Je reste à la maison avec les enfants.  On soupe.  Il y a de la vaisselle à gérer, pas grand-chose là, on a mangé des hot dog, mais il y a bien quelques assiettes, verres et ustensiles épars sur le comptoir.  Je rince le tout (parce que si je ne rince pas je vais en entendre parler) et met le tout dans le lave-vaisselle sans trop de cérémonie, mais je mets quand même les verres avec les verres, les petites assiettes avec les petites assiettes.  Je considère que je fais une bonne job pour une débutante (parce qu’on va se le dire, je n’ai pas la chance d’y toucher souvent au lave-vaisselle).

            Vers deux heures du matin, j’entends des cliquetis et de l’eau que l’on fait couler d’un robinet.  Suis-je bien réveillée ou suis-je en train de rêver que quelqu’un s’affaire dans ma cuisine en plein milieu de la nuit ?  Je me frotte les yeux.  Je ne rêve pas.  Mon chum est en train de tout replacer dans le lave-vaisselle.  Et il re-rince. Bon, je n’avais pas assez rincé à son goût.  Je capote.  Tu ne peux pas rentrer d’une soirée avec tes amis au beau milieu de la nuit et penser à inspecter le lave-vaisselle.  Je suis borderline insultée.  Aïe ! ça ne prend pas un doctorat pour remplir un lave-vaisselle ! Ah, et puis, je le connais, il doit être à moitié mort et s’être arrêter trois ou quatre fois sur le bord de l’autoroute pour piquer un petit somme, mais il a assez d’énergie pour gosser dans le lave-vaisselle. Plus je l’entends gosser, plus je fulmine.  Tout-à-coup, les fils se touchent et je descends prestement à la cuisine et lui dit : « Tu es conscient que c’est de la maladie mentale ton affaire ?! » et je remonte me coucher.  Il est fâché.  Il n’aime pas que je le traite de malade mental.  C’est vrai que j’y suis allée un peu fort. J’oublie parfois que c’est juste de l’anxiété.

-       Tsé, je ne voulais pas inspecter la façon dont tu avais rangé le lave-vaisselle, c’est juste qu’en rangeant un couteau que tu avais oublié…

Je fais semblant de dormir.

-       Bisou de bonne nuit ?

-       Non.

-       O.K. T’as raison, je suis un peu fou.

Bisou de bonne nuit.


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