jeudi 21 septembre 2017

Cueillir des affaires


          Je vous l’ai déjà dit, il y a de ces activités familiales que j’ai de la difficulté à aimer. La cueillette de toutes sortes de fruits confondus en fait partie.

          Je n’aime pas aller aux fraises, aux framboises, aux bleuets, aux pommes, aux citrouilles, name it.  J’y vais quand même de temps à autre,  sacrifice ultime pour mes enfants adorés.

 Ma plus grande expérience réside dans la cueillette de pommes.  Comme j’ai un faible seuil de tolérance à la chaleur, j’ai tôt fait d’éliminer les cueillettes estivales, misant davantage sur celles automnales (encore là, les pommes, ça peut être limite parce que, parfois, il fait chaud en septembre, comme en ce moment).

          D’abord, on ne devrait pas appeler cette activité la cueillette de pommes, on devrait appeler ça mettre quelques pommes dans un sac en 5 minutes puis faire un paquet d’autres affaires pas rapport avec les pommes. Et j’ai nommé : les jeux gonflables, la mini-ferme, la séance de maquillage, le tour de charrette, alouette.  Alors, lorsque l’enseignante va demander lundi matin à tes enfants ce qu’ils ont fait en fin de semaine, ils risquent de répondre sauter dans des jeux gonflables au lieu de cueillir des pommes.  Je trouve que c’est devenu une activité hyper stimulante, alors que ça devrait, à mon sens, être une activité plutôt zen genre tu déambules tranquillement dans un verger et tu ramasses une pomme par ici, une pomme par là, en contemplant le paysage.

          En fait, la seule chose que je trouve amusante lorsque je vais aux pommes, c’est de regarder les urbains qui débarquent « en campagne » pour aller cueillir eux-mêmes leurs pommes. C’est quand même toujours un spectacle assez hilarant et c’est généralement le meilleur moment de ma journée ! Oh la, la !  Ils sont habillés comme s’ils partaient pour une grande expédition dans la nature sauvage.  Ils arborent fièrement leurs bottes de marche à 1000 $, leurs vêtements qui respirent et leurs sacs à dos ergonomiques, tout ça pour faire une dizaine de pas dans un verger au gazon tondu.  Ils passent plus de temps dans la chouette petite boutique à magasiner des produits du terroir et au joli petit café à siroter un espresso et une pointe de tarte à 20 $ qu’à ramasser leurs pommes.  Ils suivent leurs enfants pas à pas de peur qu’ils s’enfargent dans le gazon et qu'ils tombent la face dans une pomme pourrie.  Il ne faudrait pas qu’ils salissent leurs beaux habits spécial sortie à la campagne. Pas question d’avoir l’air d’un petit souillon sur les photos ! Au fait, je suis en train de faire une overdose de toutes ces photos d’enfants joyeux émus devant la beauté des pommes rouges !   

Et, comme en ville, les urbains se retrouvent bien souvent prient dans des embouteillages, pour entrer et sortir du verger, et ils doivent, encore une fois, faire la file, que ce soit pour acheter leurs petits produits locaux ou pour faire leur tour de charrette. J’imagine qu’ils seraient trop désorientés de fréquenter  des endroits moins achalandés où il n’y a pas de file d’attente.  Ils ont aussi tous la super poussette tout-terrain pour leur seule sortie à la «campagne» de l’année, avec le méga porte-bébé anti mal de dos pour les 5 minutes passées dans le verger. Ils sont vraiment trop drôles, ces urbains.  Je ne sais pas s’ils savent qu’ils ne sont pas en campagne. Car, non, Saint-Hilaire, ce n’est pas la campagne.   En campagne, il n’y a pas beaucoup de monde, mais il y a Roger pas de dents avec son vieux tracteur graisseux qui est fort comme un cheval et qui peut abattre un arbre les yeux fermés et Georgette, sa femme, qui fait pousser toute sorte d’affaires bizarres dans son jardin, qui s’occupe de ses 10 chats et qui fait de la bien bonne tarte aux pommes pour 5 $.  Il y a toujours un vieux tacot qui traîne dans leur cour et le gazon n’est pas toujours tondu.  Rien à voir avec les boutiques et les séances de photos coquettes.

          Enfin, pour être complètement honnête, je dois vous avouez que j’ai moi aussi déjà cédé à la tentation d'immortaliser mes petits rejetons dans un verger verdoyant…comme quoi je ne suis pas à une contradiction près…




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