Tout est gris. Le ciel, le sol, les arbres, les feuilles
mortes à moitié décomposées. On se
croirait dans une lointaine campagne russe et désœuvrée (OK, j’avoue, je ne
suis jamais allée en Russie, mais c’est l’idée stéréotypée que je m’en
fait). Et soudain, la première neige
arrive, recouvrant tout de son blanc léger et pur. Elle apporte un peu de lumière, de douceur et
de chaleur. Même si c’est de la neige. Elle nous recouvre tous, nous amène tous avec
elle dans l’hiver.
Je pense que je suis d’abord toujours émue par cette
première neige. Elle sème un peu de
paix, avant toutes les batailles que nous devrons mener contre elle. Elle annonce Noël, nous rappelle qu’il
approche. Je ressens encore cette
fébrilité toute enfantine s’emparer subtilement de moi. Puis, la fébrilité fait place à la nostalgie. Elle me rappelle la joie contagieuse de mon
père lorsque les premiers flocons s’accumulaient au sol. S’il en tombait assez,
on entendait inévitablement le vrombissement des motoneiges et on le voyait ensuite
passer à toute allure devant la fenêtre de la cuisine, avec un genou sur le
siège et un sourire accroché sur son visage.
Puis, je repense à Noël et aux fêtes, avec mes yeux
d’adultes cette fois. Je vois mon
tout-petit Noël, sans mes parents, sans grands-parents pour mes enfants, je
vois ma sœur endeuillée comme moi, je vois mes beaux-parents vieillissants, je
vois mon ex-famille recomposée et je me demande ce qu’il adviendra de
nous. Pour la première fois de ma vie,
je voudrais fuir, éviter ce temps des réjouissances en famille. Partir dans le
sud, partir à un endroit où Noël n’existe pas.
Une chance qu’il y a mes enfants pour qui Noël et la neige ne signifient
encore que joie et bonheur. Cela me permet de mettre un sourire sur mes larmes.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire