jeudi 1 novembre 2018

La pente descendante




Aujourd’hui fût une journée bizarre.  Les événements se sont enchaînés sans apparence de lien entre eux.
            Je me suis d’abord levée au son du bip agressif du réveille-matin, à la suite d’une très mauvaise nuit de sommeil.  Il s’agissait, voyez-vous, de l’une de ces nuits où je me retrouve en nage sans trop savoir comment ni pourquoi.  Je n’avais pas chaud, mais j’étais mouillée à la grandeur de mon corps, je frissonnais même. J’ai alors tenté de m’essuyer avec mon drap qui était malheureusement tout aussi humide que ma peau.  Un peu plus tard dans la journée, j’ai googlé toute trempe pendant la nuit et j’ai réalisé avec beaucoup de joie qu’il pouvait s’agir d’un symptôme de la pré ménopause.
            J’avais donc passé une mauvaise nuit, mais la bonne nouvelle c’est qu’aujourd’hui je n’avais pas à me déplacer, je travaillais de la maison.  Un colloque en webdiffusion.  La webdiffusion lorsque tu restes dans une contrée éloignée c’est presqu’aussi excitant que l’invention de la roue. Avoir accès à toute cette information sans avoir à parcourir un seul kilomètre, c’était inespéré.  Alors les conférences ont débutées…blablabla blablabla….ces approches ne sont plus supportées par des données probantes…blablabla…on ne les enseigne plus à l’université…blablabla…le modèle australien de machin chose publié en 2014 est plus adéquat…blablabla….J’ai gradué il y a plus de16 ans maintenant,  je ne connais pas le modèle australien de machin chose, et on dirait bien qu’une partie de ce que j’ai appris à l’université est à oublier.  Bon.  Coudons, j’étais où moi ces dernières années ? Ah oui, c’est vrai, j’ai eu ce qu’on appelle des enfants.
            Pendant la pause du midi, j’ai décidé de faire quelques exercices de yoga pour me désankyloser un peu.  Je me suis vite rendu compte toutefois que j’avais les cuisses raquées.  Et là, je me suis mise à réfléchir, à me demander ce que j’avais bien pu faire hier pour avoir les quadriceps aussi endoloris.  Je cherchais, je cherchais, et tout ce que je trouvais c’était la marche de 800 mètres aller-retour que j’avais faite du garage à mon lieu de travail. Mmmm.  Il est vrai que je ne suis pas des plus en forme (voir Pourquoi j'haïs le sport ?), mais tout de même, être raquée pour si peu, cela me paraissait pour le moins inquiétant.
            Plus tard en fin de journée, en écoutant la radio, je suis tombée sur un chroniqueur qui expliquait ce qu’était le dab (pour les arriérés comme moi, le dab c’est un mouvement chorégraphique où le danseur place son visage dans le pli du coude, tout en pointant le ciel dans la direction opposée avec les deux bras parallèles. Ce mouvement a été popularisé par la musique hip-hop à la fin de l'année 2015 et au début de l'année 2016, il a ensuite été popularisé par des sportifs qui dabbaient leurs victoires. Merci Wikkipédia).  Je me suis alors aperçue que c’était ça le mouvement que mon fils de 10 ans faisait lorsqu’il était content de planter son frère. Tsé, quand ton fils de 10 ans est plus in que toi.
            En fin de soirée, je me suis mise à penser au congé de l’Action de Grâce, à me demander s’il y aurait une fête en famille d’organisée.  Puis, j’ai réalisé que mes parents étaient morts et que mes beaux-parents étaient vieux et que si jamais il y avait une fête en famille, bien ce serait parce que j’en aurais organisée une. Et bien voilà, j’étais rendu là. C’était rendu ma responsabilité maintenant de rassembler les gens.  Étais-je prête pour cela ?
            Les signes s’accumulaient, je ne pouvais plus le nier, le déclin était commencé, ce déclin inexorable, cette longue marche vers la décrépitude, que tous les smoothies et tous les jus verts, que toutes les médecines alternatives, que toutes les courses à pieds et tous les programmes de mise en forme, que toutes les pensées positives ou séances de pleines conscience de ce monde ne pourraient malheureusement pas arrêter.

Voir aussi Chronique du milieu de la vie mon tout premier blog.

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