Sérieux, on y pense à chaque année.
Période de réjouissance et d’amour, certes, mais aussi de course contre la
montre, de frictions familiales, de déceptions et, à partir d’un certain âge,
de souvenirs tristes et joyeux qui s’entremêlent.
Comment survivre à ce compte à rebours de l’avent, à
cette impression tenace que l’on va arriver à Noël en ayant oublié un cadeau ou
avec un sapin à moitié décoré ou, pire encore, que l’on va manquer d’alcool le
soir du réveillon alors que c’est nous qui recevons ?
Comment survivre à cette pression que l’on s’impose de
faire vivre à nos enfants, à chaque fois, leur plus beau Noël, pour qu’ils
aient des souvenirs magiques de graver dans leur mémoire à tout jamais ?
Comment survivre à cette culpabilité qui nous tenaille en
cette ère du pacte pour la transition énergétique, alors qu’on achète, qu’on
emballe et qu’on décore à profusion ? Comment
pouvoir continuer d’agrémenter nos cadeaux de choux et de rubans multicolores
sans penser que, en même temps, nous sommes en train de détruire la planète, un
emballage à la fois ?
Comment
survire aux adaptes de la simplicité volontaire qui proposent l’angoissant cadeau que l’on fabrique soi-même ?
Comment survivre aux cadeaux que l’on reçoit qui sont à mille lieux de nos
intérêts ? (Ah wow ! Le beau service à thé…ben non…je ne bois pas de thé). Comment survivre à la face mitigée de ton
beau-frère devant sa lampe de poche multifonction qui trouve que franchement tu
ne t’es pas beaucoup forcé cette année ?
Comment
survivre à toute cette bouffe et tout cet alcool que l’on ingère sans trop
savoir pourquoi ? Comment survivre au Pepto-bismol,
aux Advil et à tous ses microbes que l’on s’échange ?
Comment
survivre à celui qui arrive toujours en retard et qui emballe ses cadeaux avec
les restants des autres ? Comment
survivre aux bougonneux de Noël qui
hurlent à la surconsommation, à la fête commerciale, mais qui s’attendent
tout-de-même à recevoir un cadeau ou deux ou que l’on voit sourire en secret en
regardant scintiller les lumières de Noël ?
Comment survivre à celui qui en fait toujours trop, de la musique aux
tuques de Père-Noël, aux cadeaux qui n’en finissent plus ?
Comment
survivre au spectacle affligeant de voir sa famille vieillir à chaque année
? Comment survivre à sa tante alzheimer
encore plus perdue que l’an dernier, à son grand-papa qui s’étouffe de plus en
plus facilement, à ce jeune oncle si beau autrefois devenu grisonnant et
bedonnant, à sa petite cousine, une si mignonne petite fille devenue une
adolescente maussade et déprimée ?
Comment survivre à ces mêmes anecdotes, racontées encore et encore,
années après années ? Comment survivre à
ces jeunes gens, devenus parents, désemparés devant leur bébé qui refuse de
dormir ?
Comment
survivre aux Fêtes ? Peut-être en se rappelant qu’il s’agit là d’un temps privilégié
pour voir sa famille, malgré les frictions et les imperfections, et que cela
signifie, qu’au moins, nous ne sommes pas seuls.