jeudi 18 octobre 2018

Princesse Urbaine


Je suis une Contry Girl , je vous l’ai déjà dit. Mais parfois, j’aime bien changer de vie.  Ou plutôt, m’imaginer que je change de vie.  Pour nos vacances d’été cette année, nous avons décidé d’aller à Toronto et, tant qu’à faire, de louer un condo au centre-ville.  Pas d’auto, le 21e étage, les commerces à proximité, le bruit, le mouvement, les lumières, les terrasses branchées, du monde bien habillé.  Une autre vie pour nous tous. 
            Mais le moment où j’ai vraiment pu me convaincre que j’avais une autre vie, c’est lorsque je suis sortie toute seule pour faire les courses, laissant chum et enfants derrière moi (devant Netflix, point fort de notre voyage, il faut bien l’avouer). Alors nous étions là, moi, ma robe soleil un peu défraîchie et ma petite sacoche en bandoulière à zigzaguer à travers les condos et, dans ma tête je me disais que ce serait comme ça si j’étais une jeune urbaine branchée sans enfant et légèrement fortunée.  Bon, c’est certain qu’à ce moment-là, je serais certainement plus près du 20 ans que du 40 ans, que j’aurais une robe soleil plus tendance, une sacoche en vrai cuire et que je n’aurais pas acheté mes lunettes soleil à la pharmacie.  Mais, ce n’était pas grave, dans ma tête, je me croyais.  J’étais une jeune beauté pleine d’assurance.  J’étais une princesse urbaine, a urban princess. 
            Pourtant, je n’ai jamais été très princesse durant mon enfance, préférant de loin les histoires d’ogres, de sorcières et d’enfants abandonnés.  Mais, j’ai périodiquement mes petits moments d’égarement, comme lors de notre voyage à Walt Disney il y a deux ans. Au début de notre voyage, j’étais contente d’avoir engendré deux garçons et de me retrouver plus souvent qu’autrement dans la section Star Wars et de pouvoir lever le nez sur Cendrillon et compagnie. Et, pour être complètement honnête, avoir eu des garçons m’a carrément permis de ne pas avoir à me positionner sur l’épineuse question des princesses.  Une princesse, qui n’a qu`à être belle et à attendre son prince charmant, ça envoie un drôle de message aux jeunes filles, disons. Quoique les princesses modernes sont quand même plus débrouillardes et aventureuses que leurs prédécesseurs. Elles peuvent maintenant monter à cheval, combattre des méchants et diriger des empires.  Mais elles sont toujours jolies.  Elles vendent du rêve et une image plutôt stéréotypée de la femme.  On en a tellement vu de ces images de princesses que c’est bien certain qu’elles finissent, tôt ou tard, par nous influencer, consciemment ou non.  Alors, oui, après les feux d’artifices de Magic Kingdom, avec la musique de conte de fée et le château qui change de couleur, j’ai failli me garocher dans la boutique de princesse la plus proche pour m’acheter une robe de Cendrillon et j’ai résisté à l’envie de traîner de force ma tribu toute masculine dans le manège de la Reine des Neiges.  Ils m’avaient eu, je voulais être une princesse. 
            Toronto m’avait eu aussi, je voulais être une princesse, belle, jeune, moderne, indépendante fière et libre.   

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