lundi 20 novembre 2017

Pourquoi la première neige me fait pleurer


Tout est gris.  Le ciel, le sol, les arbres, les feuilles mortes à moitié décomposées.  On se croirait dans une lointaine campagne russe et désœuvrée (OK, j’avoue, je ne suis jamais allée en Russie, mais c’est l’idée stéréotypée que je m’en fait).  Et soudain, la première neige arrive, recouvrant tout de son blanc léger et pur.  Elle apporte un peu de lumière, de douceur et de chaleur.  Même si c’est de la neige.  Elle nous recouvre tous, nous amène tous avec elle dans l’hiver.

          Je pense que je suis d’abord toujours émue par cette première neige.  Elle sème un peu de paix, avant toutes les batailles que nous devrons mener contre elle.  Elle annonce Noël, nous rappelle qu’il approche.  Je ressens encore cette fébrilité toute enfantine s’emparer subtilement de moi.  Puis, la fébrilité fait place à la nostalgie.  Elle me rappelle la joie contagieuse de mon père lorsque les premiers flocons s’accumulaient au sol. S’il en tombait assez, on entendait inévitablement le vrombissement des motoneiges et on le voyait ensuite passer à toute allure devant la fenêtre de la cuisine, avec un genou sur le siège et un sourire accroché sur son visage.

          Puis, je repense à Noël et aux fêtes, avec mes yeux d’adultes cette fois.  Je vois mon tout-petit Noël, sans mes parents, sans grands-parents pour mes enfants, je vois ma sœur endeuillée comme moi, je vois mes beaux-parents vieillissants, je vois mon ex-famille recomposée et je me demande ce qu’il adviendra de nous.  Pour la première fois de ma vie, je voudrais fuir, éviter ce temps des réjouissances en famille. Partir dans le sud, partir à un endroit où Noël n’existe pas.  Une chance qu’il y a mes enfants pour qui Noël et la neige ne signifient encore que joie et bonheur. Cela me permet de mettre un sourire sur mes larmes.

 

 

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