J’ai deux enfants. Deux garçons de 6 et 9 ans. Bien évidemment, ils n’ont pas toujours eu
cet âge. Un jour, ils ont été des bébés. Un bébé, tu peux l’amener partout avec toi,
il est le bienvenu. Un bébé, c’est
mignon, ça fait babababa, ça sourit
avec deux dents, ça donne des becs mouillés.
Un bébé tu peux le cajoler, le consoler, le faire rire aux éclats d’une
simple grimace ; tu ne peux pas être contre les bébés. Mais les bébés, ça grandit. Et plus ça
grandit, moins c’est mignon. Et plus ça dérange. En présence d’un bébé, on joue
du coude pour être le premier à lui faire un prout sur la bedaine. En
présence d’un enfant de deux ans qui lance des objets en signe de protestation,
on semble soudainement souhaiter sa disparition (bien que le pitchage d’objets fasse parti du
développement normal d’un enfant qui commence à s’affirmer, soit dit en
passant).
Trop souvent, je trouve qu’on exige des enfants qu’ils se
comportent comme des mini-adultes. Je ne
compte plus les regards désapprobateurs, les moues sceptiques, les soupirs, les
tons de voix agacés, pour des comportements qui, à mon sens, sont normaux chez
les non-adultes, vous savez ceux qui sont en APPRENTISSAGE de toutes les règles
de la vie en société ? Alors, pour tous
ceux qui croient qu’un enfant ça devrait toujours être tranquille, poli et
obéissant et que ça devrait toujours rester bien à sa place sans trop faire de vagues,
laissez-moi vous apprendre quelques trucs…ou vous rafraîchir la mémoire (vous
savez pour les vieux adultes qui ont eu leurs enfants il y a trop longtemps et
qui en oublient des bouts…).
1- Les enfants c’est bruyant.
Ben oui, ça ne joue pas silencieusement.
Ça fait des bruits d’animaux, d’explosion, de voitures de courses,
etc. Et leur apprendre à baisser le
volume est un travail long et fastidieux qui demande répétition, répétition,
répétition. Si notre enfant projette trop de décibels, ce n’est pas parce qu’on
aime ça et qu’on le laisse faire, c’est parce qu’il est en APPRENTISSAGE de baissage de volume et cet APPRENTISSAGE n’est pas encore
tout-à-fait consolidé.
2- Les enfants ça bougent. Ben oui.
Non, ça ne peut pas rester assis à la table et discuter tranquillement
pendant une heure de temps. Parfois, un
enfant ça s’excite, ça court, ça saute partout. Ben oui, ils ont un temps de
concentration moins long que les adultes et ils doivent, tôt ou tard, dépenser
leur énergie.
3- Le partage ce n’est pas inné. C’est un APPRENTISSAGE long et complexe,
encore une fois, qui n’est certainement pas maîtrisé à l’âge de deux ans, ni
trois, peut-être même pas quatre. Ce
n’est pas parce que notre enfant n’est pas fin ou pas gentil qu’il capote dès
qu’on touche à ses jouets, c’est juste qu’il n’a pas encore compris que s’il
prête son jouet, il va pouvoir le ravoir après, qu’il ne l’a pas perdu à
jamais.
4- Le restaurant ce n’est pas fait pour les
enfants. C’est
trop de position assise trop longtemps.
C’est trop d’affaires qu’il ne faut pas qu’ils touchent (genre se faire
une épée avec le couteau à beurre ou renverser la salière sur la table). Et les
menus pour enfants : une catastrophe. Toujours le même maudit menu :
spaghetti, doigts de poulet, pizza,
hamburger, grilled-cheese. À des prix pas vraiment d’enfants, soit dit
en passant.
5- Les enfants sont tous différents. Ben oui. Ce qui a fonctionné avec un ne
fonctionnera pas nécessairement avec l’autre.
Ce n’est pas parce que ta petite nièce Bertha n’a jamais fait de bulles
avec sa paille dans son verre de lait que les enfants qui font cela sont
anormaux. Si tu n’as jamais vu un enfant
avoir tel ou tel comportement, c’est peut-être parce que tu ne connais pas
beaucoup d’enfants au fond ou que tu en connais beaucoup, mais que tu ne les
côtois pas si souvent. Un enfant vient
au monde avec sa propre personnalité, tu ne peux pas le façonner comme on
façonne de la pâte à modeler.
6- Un enfant écoute toujours moins ses
parents. Si
l’enfant t’écoute plus toi, c’est parce qu’il ne te connaît pas beaucoup.
Désolé, mais ce n’est pas parce que tu as dont plus le tour que cette pauvre
mère qui se laisse monter sur le dos.
Je
vous en supplie, peut-on laisser les enfants être des enfants ? C’est trop beau, trop précieux, de pouvoir
jouer, rire, courir, crier, s’amuser, sans se retenir. Ils seront des adultes bien assez vite, avec
tout ce que cela comporte de responsabilité, d’obligations et de sérieux.
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