C’est
la date de l’anniversaire de feu mon papa.
Il aurait 71 ans aujourd’hui.
Mais la vie a voulu que son chemin s’arrête à 68 ans. Bientôt 3 ans qu’il n’est plus avec
nous. Mine de rien, nous remplissons
tranquillement le vide qu’il a laissé derrière lui, une pierre à la fois.
Ce
matin, je regarde une photo de lui que ma sœur a mise sur Facebook. Une photo de lui
dans sa cabane à sucre. Je bois mon café
en le regardant, longuement. Je
m’aperçois que ça fait longtemps que je ne me suis pas arrêtée à contempler son
image, malgré les photos dispersées un peu partout dans la maison. Son
souvenir est encore bien vivant, mais son image se fragilise, ses traits
s’estompent peu à peu dans mon esprit, le contour de son visage n’est plus
aussi distinct qu’avant. D’où le fait
probablement que je m’attarde longuement sur sa photo, comme si je voulais
m’imprégner à nouveau de son image.
Tout
en le regardant, je m’aperçois que je bois mon café dans la tasse que je lui
avais offerte pour sa fête il y a quelques années de cela. Récupérer un cadeau que l’on avait offert à
quelqu’un, c’est d’une tristesse infinie.
Un cadeau, c’est à sens unique, tu l’offres sans rien attendre en
retour, un souvenir de soi que l’on laisse à l’autre, ce n’est pas supposé nous
revenir, il perd alors toute sa signification.
Que faire alors de cette tasse, m’en débarrasser, la donner à quelqu’un
d’autre ? Et pourquoi pas, au fond ? Elle pourrait alors continuer sa vie de
tasse significative dans les mains de quelqu’un d’autre au lieu d’être là,
inerte entre les miennes, me rappelant seulement que mon père ne pourra plus
jamais rien recevoir de moi, que je ne pourrais plus jamais rien lui offrir. Les premiers temps après sa mort, je me
surprenais encore à laisser errer mes yeux dans les boutiques à la recherche
d’objets qu’il aurait pu aimer et, à chaque fois, je devais me rappeler qu’il
était mort et que ce repérage ne servait plus à rien. Pour ses 70 ans, j’aurais voulu l’amener dans
le sud, lui faire une surprise, une vraie.
Je n’aurai pas eu le temps. Ce
temps qui nous semble infini et qui tout d’un coup rétrécit sous nos yeux.
En ce
9 mars, on fête les autres membres de ma famille nés en ce troisième mois de
l’année, les martiens comme on les appelle.
Mon demi-frère d’abord, né le 9 mars également, ma belle-mère, née le
premier et ma sœur, née le 19. Un mois
fécond dans notre famille, beaucoup de vies ont vu le jour en ce premier mois
du printemps. Nous célébrons dans sa
maison. Je sais que c’est grâce à lui
que nous sommes là, que nous sommes réunis. Je le vois nous regarder de là-haut
et nous sourire. J’imagine qu’il
voudrait encore être là, à nos côtés, ne serait-ce que pour grogner un peu
contre tout un chacun et nous dire que franchement, à 71 ans, il était encore
beau.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire