J’y suis allée une seule fois avec mes enfants. La première
et la dernière fois. J’apprends de mes erreurs.
C’était dans le cadre des festivités de la Saint-Jean-Baptiste
dans le village natal de mon amoureux, à Verchères. Dans le but de me divertir, de changer les
idées de mes enfants, alors âgés de 11 mois et 4 ans, et aussi, je l’avoue, de
mettre un peu d’une saine distance entre mes beaux-parents et moi, je décidai
d’aller faire un tour à la fête au village.
Au menu, jeux gonflables, barbes à papa, crème glacée, promenade en charrette
tirée par des chevaux, maquillage, clown et ballons en forme de petits chiens.
Déjà, les préparatifs furent longs et fastidieux. D’abord, une couche à changer pour le plus
jeune, puis habillage, avec l’un qui s’amuse à lancer ses vêtements en bas des
escaliers et l’autre qui gigote et qui hurle comme si j’expérimentais une
nouvelle technique d’acupuncture sur lui.
Ensuite, le crémage. La crème
solaire. C’est connu, les parents de
jeunes enfants deviennent tous euphoriques quand l’hiver se termine, car cela
signifie dire adieu aux %&/!# d’habits de neige ! Cette euphorie est cependant de courte durée,
car ensuite vient le règne de la crème solaire.
À tous les matins, il faut les badigeonner allègrement avec de la crème
FPS 2468 ! Et même, selon la Société Canadienne de Pédiatrie, il faut les
crémer 30 minutes avant de sortir à l’extérieur et à toutes les deux heures et
plus souvent en cas de baignade et de transpiration extrême. Sérieux ?!
Quel parent normalement constitué peut maintenir cette cadence ?! Enfin
bref, une fois tout le monde habillé et beurré (y compris moi, pas de chance à
prendre avec mon teint de rousse), il fallut préparer le sac à couches, faire
des réserves d’eau pour tout le monde (35°C avant humidité, quand même) et préparer du linge de rechange (jamais à l’abri
d’un petit vomi ou d’un caca trop mou).
Alors, nous étions quasiment prêts, il ne me manquait plus que le satané
petit chapeau du plus vieux. Évidemment,
personne ne l’avait vu. Je finis par le
trouver coincé entre deux serviettes de plage après avoir viré la maison à
l’envers. Je laissai le plus petit assis
dans l’entrée, le temps de descendre la poussette du balcon, il en profita pour
tester sa voix, visiblement personne sauf moi ne l’entendit, car personne ne vint
le réconforter. Je revins le chercher,
l’attachai dans la poussette avec la ceinture en 5 points et chargeai le sac à
couche dans le panier sous la poussette.
Enfin, nous partîmes !
Sur
place, la foule. Des enfants qui couraient
partout, du bruit, de la chaleur.
J’étais toute étourdie juste à essayer de trouver une façon de me
faufiler à travers la foule. Mon plus
vieux voulut aller dans les jeux gonflables, soit. Nous nous mîmes en ligne pour la méga
glissade gonflable. L’arrêt de la poussette provoqua nécessairement les pleurs
de mon 11 mois, je me mis donc à shaker sur place la poussette sur ce mélange
terre/gazon qui ne permettait pas vraiment un roulement fluide de la dite
poussette (euh oui…j’avais été trop cheap
dans le passé pour me procurer la poussette tout-terrain à 3000 $). Nous attendîmes, nous attendîmes, nous attendîmes,
dans une chaleur moite écrasante. Je
sentais ma peau devenir de plus en plus huileuse dans un mélange de crème
solaire et de transpiration. Mes
sandales collaient légèrement au sol.
Avais-je mis les pieds dans une flaque de Coke Diète ou autre chose
que je n’osais à peine imaginer ? Enfin,
ce fut autour de mon garçon. Un beau 3
secondes ! Après, je me tapais le labyrinthe gonflable, le trampoline
gonflable, le parcours à obstacles gonflable, toujours sous un ciel gris-pas-de-soleil-mais-quand-même-un-peu-qui-te-fait-plisser-des-yeux,
toujours debout immobile à shaker la
poussette pour éviter les hurlements du cadet.
Pas de banc pour s’asseoir. Pas
d’ombre. Du monde qui passait partout
autour de moi en me frôlant, mêlant leur sueur à la mienne. Beurk ! Il y a même eu un petit morveux
qui m’étampa son cornet de crème glacée sur le coude droit «par accident». C’est alors que fils aîné voulut faire le
tour de charrette tirée par des chevaux. L’horreur
avec un grand H, en caractères gras. Il
fallut attendre 30 minutes en file, stationner la poussette, sortir le bébé de
la poussette, puis attendre un autre 10 minutes le bébé dans les bras. Nous nous installèrent ensuite dans la
vieille charrette qui était évidemment overbooker
et qui avançait à 0,0001 km/heure,
donc avec pas de vent, avec pas d’air qui circule, mais avec un beau mélange
d’odeurs de transpiration de toutes sortes et avec le petit assis sur mes
genoux qui chignait en essayant de tirer les cheveux de la madame d’à côté. Mon
aîné me regardait et semblait déçu de son tour de cheval et moi j’avais juste
envie de pleurer tellement c’était tout sauf une belle sortie.
Alors, quand le tour de
charrette fut terminé et que j’aperçus mon chum dans la foule, avec son frère
et son filleul, et que mon 4 ans me demanda de retourner à nouveau dans la
glissade gonflable, je le laissai sans scrupule à son père et me sauvai en
courant avec la poussette.
Société canadienne de pédiatrie
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