Plus mes enfants
grandissent, plus ils développent leur propre personnalité. Parfois, je me reconnais en eux, parfois je
reconnais leur père et parfois je me demande d’où ils peuvent bien sortir tel
ou tel trait de caractère !
Il y a mon aîné, qui a toujours un surplus d’énergie, qui
est méga en forme, qui fait tout en courant et il y a mon chum et moi, plutôt
sur le moule patate de sofa. On se
demande souvent où il a bien pu prendre ces gênes-là. Il y a mon cadet aussi, qui fait des mauvais
coups dès qu’on a le dos tourné et il y a mon chum et moi, qui sommes maîtres
dans l’art de respecter les règles.
À d’autres moments, je me vois en eux et ça me fait un peu
peur, je vous avoue. Quand je vois mon
plus vieux stresser à n’en plus finir face à un quelconque changement et être
ensuite tout content du dit changement, cela me fait inévitablement penser à
moi qui est passée maître dans l’art de m’énerver pour rien. Je pense aussi à mon cadet, qui change
carrément de personnalité en présence d’étrangers, figé par la timidité. Je voudrais ne pas transmettre mon anxiété à
mes enfants, mais j’ai l’impression qu’il est déjà trop tard, que je leur ai
déjà transmis, à croire que c’est passé directe par le placenta lorsque j’étais
enceinte.
Mais je crois que ce qui me fait le plus sourire, c’est
lorsque je remarque que mes enfants commencent à ressembler à leur père. Je veux dire, pas physiquement, mais mentalement, dans leurs goûts, dans
leurs choix, dans leurs tempéraments.
Comme ce moment historique où, dans la voiture, mon aîné a prononcé ces
mots : « J’aimerais ça écouter Pat
Metheny, comme l’autre fois » Quoi ?! Nous avions écouté Pat une fois ou deux seulement en sa
présence et il avait assez aimé ça pour se rappeler son nom ?! Et pour en
redemander ?! Bon, après il a quand même ajouté : « Ça me fait penser
à la musique de Mario Cars ».
Moi
qui négocie avec mon chum depuis 17 ans pour limiter au maximum le temps
d’écoute patmethenyen. C’était
maintenant deux contre un. Le sourire que mon chum a fait, ce sourire, je vais
m’en rappeler toute ma vie. Le sourire
de la victoire, de la satisfaction : son fils avait la même sensibilité musicale
que lui. Voilà. Il n’était plus seul.
C’était moi qu’on isolait dans un coin.
Je ne pouvais plus rien ajouter. Je ne pouvais toujours pas critiquer les
goûts de mon propre fils, de ce demi-Dieu ambulant, pas à 9 ans, du moins.
Comme mère, je me devais de faire fleurir son estime personnel ; je valorisais
toujours ses choix vestimentaires, ses choix de jeux, ses choix de film, etc. Il était hors de question de faire comme
d’habitude et de me mettre à crier : « Pat Metheny, c’est plaaaaaaaaaate !!! ». Et ça, mon chum le savait très bien, d’où l’infinitude
de son sourire. J’étais piégée. Mon fils
aimait Pat Metheny. Je ne l’avais pas
vu venir celle-là. C’était sûrement passé
direct par les spermatozoïdes.
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