jeudi 17 août 2017

Femmes modernes ?


  Je dis souvent, à la blague (ben pas à la blague tant que ça, au fond), qu’être née à une autre époque (ou dans un autre pays), je crois bien que je n’aurais pas survécu. Je doute que j’aurais réussi à trouver ma place dans une société d’hommes faite par les hommes pour les hommes.  J’aurais certainement finit  cloîtrée chez les bonnes sœurs ou bien j’aurais vécue quelques années comme femme au foyer hyper dépressive avant d’aboutir dans un institut psychiatrique, internée jusqu’à la fin de mes jours. Au 16e siècle, j’aurais certainement été brûlée pour sorcellerie.

          Aujourd’hui, au Québec, les femmes sont certes plus libres ; libres de voter comme elles l’entendent, libres de faire le métier de leur choix, libre d’avoir ou non des enfants. Nous sommes plus libres, mais quand je regarde autour de moi, j’ai l’impression que, parfois, nous nous coupons nous même les ailes, que nous nous ajoutons volontairement du poids sur les épaules, ce qui nous fait avancer plus lentement et plus difficilement que les hommes. 

          La plupart des femmes de mon entourage (et j’inclus mon moi-même) travaillent.  Elles travaillent dur.  À temps plein.  Elles ont des enfants (un, deux, trois et parfois quatre).  Elles travaillent et elles s’occupent des enfants.  Leurs conjoints travaillent aussi. Et ils s’occupent aussi des enfants.  Parfois. Jamais autant qu’elles. Une simple question ici : pourquoi ?

          Une amie m’a dit un jour, de la façon la plus naturelle qui soit : « Depuis que les filles sont nées, c’est toujours moi qui se lève la nuit. » Elle ne se plaignait pas, elle n’accusait pas son conjoint de ne pas en faire assez, elle me disait ça comme ça, en passant, pour faire la conversation.  Je me rappelle avoir figée (ses filles avaient alors 3 et 5 ans). Tout ce qui me venait en tête c’était : « Il est en fauteuil roulant, c’est ça, c’est pour ça qu’il ne se lève pas la nuit, hein ? ».  Pour moi, c’était la seule raison qui vaille ; la paralysie des membres inférieurs et rien d’autre. C’est écrit où exactement que c’est la mère qui doit toujours se lever la nuit ??? Pourquoi ne pas oser demander à son conjoint de faire un petit effort nocturne ? 

          Je pense également à cette autre amie qui s’occupe de tous les aller-retour à la garderie.  Pourquoi ne pas partager cette tâche avec papa ?!? « Ah ! C’est parce qu’il travaille loin, il commence tôt, il finit tard… ». Et bien,  il n’a qu’à faire comme nous, à quitter la maison encore plus tôt, à faire un détour et à rentrer vraiment crevé le soir parce que le plus jeune a décidé de s’affirmer et a refusé haut et fort de mettre ses bottes au départ de la garderie.

Pour moi, être libre ça ne veut pas dire tout faire toute seule.

Et puis, les papas, ils se permettent bien de partir une semaine complète à l’étranger ou dans un camp de pêche, sans culpabilité aucune. Alors que nous, si nous osons nous absenter deux heures un soir de semaine pour un cours d’Aqua-Gym, oh là, culpabilité assurée !

Et je ne parle même pas des tâches ménagères.  Je sais que plusieurs hommes cuisinent (mais bon, ça ne compte pas, la cuisine c’est tendance de nos jours), mais trop souvent les femmes assument encore plus que leur part d’ouvrage.  Je repose la question : pourquoi ?

Nous croyons être modernes, car nous avons une vie professionnelle et une autonomie financière, mais nous sommes encore prises dans de vieux stéréotypes qui nous empêchent de partager les tâches éducatives et domestiques avec ceux qui pourraient être nos meilleurs alliés, les papas.  

Emma

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