jeudi 6 juillet 2017

Les fêtes foraines, la poisse et moi


 
          J’y suis allée une seule fois avec mes enfants. La première et la dernière fois. J’apprends de mes erreurs.

          C’était dans le cadre des festivités de la Saint-Jean-Baptiste dans le village natal de mon amoureux, à Verchères.  Dans le but de me divertir, de changer les idées de mes enfants, alors âgés de 11 mois et 4 ans, et aussi, je l’avoue, de mettre un peu d’une saine distance entre mes beaux-parents et moi, je décidai d’aller faire un tour à la fête au village.  Au menu, jeux gonflables, barbes à papa, crème glacée, promenade en charrette tirée par des chevaux, maquillage, clown et ballons en forme de petits chiens.

          Déjà, les préparatifs furent longs et fastidieux.  D’abord, une couche à changer pour le plus jeune, puis habillage, avec l’un qui s’amuse à lancer ses vêtements en bas des escaliers et l’autre qui gigote et qui hurle comme si j’expérimentais une nouvelle technique d’acupuncture sur lui.  Ensuite, le crémage.  La crème solaire.  C’est connu, les parents de jeunes enfants deviennent tous euphoriques quand l’hiver se termine, car cela signifie dire adieu aux %&/!# d’habits de neige !  Cette euphorie est cependant de courte durée, car ensuite vient le règne de la crème solaire.  À tous les matins, il faut les badigeonner allègrement avec de la crème FPS 2468 ! Et même, selon la Société Canadienne de Pédiatrie, il faut les crémer 30 minutes avant de sortir à l’extérieur et à toutes les deux heures et plus souvent en cas de baignade et de transpiration extrême.  Sérieux ?!  Quel parent normalement constitué peut maintenir cette cadence ?! Enfin bref, une fois tout le monde habillé et beurré (y compris moi, pas de chance à prendre avec mon teint de rousse), il fallut préparer le sac à couches, faire des réserves d’eau pour tout le monde (35°C avant humidité, quand même) et  préparer du linge de rechange (jamais à l’abri d’un petit vomi ou d’un caca trop mou).  Alors, nous étions quasiment prêts, il ne me manquait plus que le satané petit chapeau du plus vieux.  Évidemment, personne ne l’avait vu.  Je finis par le trouver coincé entre deux serviettes de plage après avoir viré la maison à l’envers.  Je laissai le plus petit assis dans l’entrée, le temps de descendre la poussette du balcon, il en profita pour tester sa voix, visiblement personne sauf moi ne l’entendit, car personne ne vint le réconforter.  Je revins le chercher, l’attachai dans la poussette avec la ceinture en 5 points et chargeai le sac à couche dans le panier sous la poussette.  Enfin, nous partîmes !

                  Sur place, la foule.  Des enfants qui couraient partout, du bruit, de la chaleur.  J’étais toute étourdie juste à essayer de trouver une façon de me faufiler à travers la foule.  Mon plus vieux voulut aller dans les jeux gonflables, soit.  Nous nous mîmes en ligne pour la méga glissade gonflable. L’arrêt de la poussette provoqua nécessairement les pleurs de mon 11 mois, je me mis donc à shaker sur place la poussette sur ce mélange terre/gazon qui ne permettait pas vraiment un roulement fluide de la dite poussette (euh oui…j’avais été trop cheap dans le passé pour me procurer la poussette tout-terrain à 3000 $).  Nous attendîmes, nous attendîmes, nous attendîmes, dans une chaleur moite écrasante.  Je sentais ma peau devenir de plus en plus huileuse dans un mélange de crème solaire et de transpiration.  Mes sandales collaient légèrement au sol.  Avais-je mis les pieds dans une flaque de Coke Diète  ou autre chose que je n’osais à peine imaginer ?  Enfin, ce fut autour de mon garçon.  Un beau 3 secondes ! Après, je me tapais le labyrinthe gonflable, le trampoline gonflable, le parcours à obstacles gonflable, toujours sous un ciel gris-pas-de-soleil-mais-quand-même-un-peu-qui-te-fait-plisser-des-yeux, toujours debout immobile à shaker la poussette pour éviter les hurlements du cadet.  Pas de banc pour s’asseoir.  Pas d’ombre.  Du monde qui passait partout autour de moi en me frôlant, mêlant leur sueur à la mienne. Beurk ! Il y a même eu un petit morveux qui m’étampa son cornet de crème glacée sur le coude droit «par accident».  C’est alors que fils aîné voulut faire le tour de charrette tirée par des chevaux. L’horreur avec un grand H, en caractères gras.  Il fallut attendre 30 minutes en file, stationner la poussette, sortir le bébé de la poussette, puis attendre un autre 10 minutes le bébé dans les bras.  Nous nous installèrent ensuite dans la vieille charrette qui était évidemment overbooker  et qui avançait à 0,0001 km/heure, donc avec pas de vent, avec pas d’air qui circule, mais avec un beau mélange d’odeurs de transpiration de toutes sortes et avec le petit assis sur mes genoux qui chignait en essayant de tirer les cheveux de la madame d’à côté. Mon aîné me regardait et semblait déçu de son tour de cheval et moi j’avais juste envie de pleurer tellement c’était tout sauf une belle sortie. 

                  Alors, quand le tour de charrette fut terminé et que j’aperçus mon chum dans la foule, avec son frère et son filleul, et que mon 4 ans me demanda de retourner à nouveau dans la glissade gonflable, je le laissai sans scrupule à son père et me sauvai en courant avec la poussette.   

Société canadienne de pédiatrie

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